Il est joli, ce retour chez Mego de Christian Fennesz. Joli d'abord parce que ce premier extrait qu'on peut écouter est le truc le plus intense et le moins tiède produit par le guitariste/ tisseur de noise ambient Autrichien depuis très (très) longtemps; joli ensuite parce qu'entre les lignes, il raconte quelque chose d'assez touchant sur les gens concernés.
Rappelons sommairement qu'avant d'attraper un "Editions" devant son nom et de devenir ce label essentiel de l'époque dirigé de main de maître par Peter "Pita" Rehberg, Mego fut, au mitan des années 90, l'émergence d'un collectif de bricoleurs de software aux idées très longues dont faisaient partie les gens de General Magic, les gamins de Farmers Manual, Pita, donc, et Fennesz. En formation serrée ou démantibulée, ces Autrichiens élevés à l'indus, à la techno qui bastonne et à Sonic Youth répandaient la bonne parole du glitch et du noise digital armés de rutilants PowerBooks G3 et ça faisait, sinon l'évenement le plus important pour la musique électronique qui s'écoute depuis l'avènement de l'IDM d'Angleterre, une décharge sacrément stimulante pour la musique électronique qui cherche. Puis ce qui devait arriver, Mego fit son premier hit sans avoir tout à fait les épaules de le faire avec l'Endless Summer de Fennesz, des sommes d'argent indéterminées furent dispersées dans la nature, Fennesz partit pour de bon chez les Anglais de Touch et le collectif vola en éclats.
On ne sait pas bien quelles tractations intimes ont eu lieu entre Rehberg et Fennesz pour aboutir à ce liminal retour au bercail de l'enfant prodigue (précédé d'une reformation du trio Fenn O'Berg en 2010 puis d'une réédition en 2012 en maxi de "Fa", le "tube" post-techno de son Hotel Paral.lel de 1997) mais on est très heureux qu'il arrive. Parce que toutes ennuyeuses qu'on trouve les livraisons récentes de l'Autrichien depuis quelques années (Black Sea, en 2008, était à la limite de l'indigent), on ne peut s'empêcher d'espérer que ce retour du loup à la bergerie coïncide avec à un retour en grâce de ce musicien qu'autrefois, on vénérait sans ambages. Bécs (qui signifie "Vienne" en Hongrois) sort le 19 avril.
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