De la fin des années 80 et du début des années 90 à Manchester, on retiendra deux choses : l'Âge d'or de l'Haçienda où des types comme Mike Pickering et Jon DaSilva ont fait découvrir au reste du monde qu'il se passait des trucs chouettes à Chicago (les soirées "Hot" seront à jamais la madeleine de Proust de tous les gens qui ont un jour porté une sérigraphie smiley sur un vêtement) et la naissance, en 1993 précisément, de Jockey Slut (équivalent du MixMag en un peu plus underground et beaucoup plus marrant), fondé par deux journalistes musicaux que personne ne voulait embaucher. Dans le même temps, John Burgess et Paul Benney, ennuyés par le Second Summer of Love et la période Madchester (les Happy Mondays, les Stone Roses, les Charlatans toussa) ont décidé de faire jouer les DJs qu'ils soutenaient dans leur canard, inaugurant ainsi la série toujours pas terminée des soirées "Bugged Out", sujet-titre du mini-documentaire réalisé pour leurs 20 ans.
Initiative émouvante parce que née sous l'impulsion de copains qui ne connaissaient pas grand chose à l'organisation de soirée, qui se marraient tout le temps et qui voulaient surtout boire des bières en fumant des clopes sur de la musique cool (marronnier certes mais marronier véridique), les soirées au départ exclusivement mancuniennes (dans un pub puis dans un club qui s'appellait le Sankeys) s'exportent d'abord à Liverpool, au Cream, puis à Londres, partout.
Considérées à leurs débuts comme le pont entre le sud-est des Etats-Unis et le nord-ouest de l'Angleterre, elles ont même fait l'objet de compilations, les biens-nommées "Bugged-Out Compilations", sorties à l'époque où c'était encore cool d'écouter Felix DaHousecat (si, si, c'était cool). The Chemical Brothers, Green Velvet, Miss Kittin ou Erol Alkan pour ne citer que ceux que je connais parlent des Bugged-Out comme d'un ilôt d'amour pour qui aimaient la techno et la "quite hard chicago bass-house music "(dédicace à Erol qui dit "je n'aimais pas jouer aux soirées Bugged-Out parce que c'étaient exclusivement pour elles que je sortais").
Aujourd'hui, le Jockey Slut mancunien n'existe plus mais les Bugged-Out continuent de remplir les jauges des clubs anglais et se déclinent en festival, le Bugged-Out Weekender qui a surtout le mérite d'occuper les jeunes au moins trois jours par an. Si tu veux voir des DJs biens et d'autres moins biens (grosse mention aux Daft Punk du début, d'ailleurs en couv' de Jockey Slut mais qui ne reposeront plus jamais sans casque parce qu'ils trouvaient que les photos ressemblaient à celles d'un porno de mauvaise qualité), tu peux regarder ce docu sur l'histoire des plus vieilles soirées anglaises (et si tu veux plus d'anecdotes croustillantes c'est par ici).
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