On le sait, depuis son projet ambient sans dent Levantis (et la plupart de ses albums réalisés sous le nom d'Actress, surtout depuis l'époque R.I.P/ Ghettoville), Darren Cunningham n'aime rien de mieux que de nous faire passer pour les dindons de la farce. Mais il fait aussi beaucoup de choses : d'abord, "il cherche la merde et la beauté là où on ne les attend pas" - dans ses délires mystico-bibliques, dans son désagencement des arcanes de la club music. Il fait aussi un peu semblant que ce n'est pas lui qui publie de la musique sous d'autre alias que le sien. Il fait également feu de tout bois (conceptuel, déconstructiviste, un poil provoc' sur les bords), nous passionne presque autant qu'il nous agace, ne veut pas choisir entre bass music THCisée, culbute arty passive-agressive et franche coudée expérimentale.
Si bien qu'on ne serait pas loin de penser qu'il représente un peu le papa putatif du versant malade de l'électronique londonienne contemporaine - vous savez, celle qui se tape la tête contre les murs et n'envisage la dance music que comme une expérience frustrante, déplaisante et laissant un sale goût dans la bouche - que ce soit à ravers les relents de weed tiède de Hype Williams ou les percées industrielles de Powell et consorts. Ajoutons un cela une certaine image de punk de centre d'art et une tendance à la fumette parfumée au bullshit fatigué (ça y est, le mot est lâché !), l'impression qu'aucun de ses morceaux n'a été enregistré avant 4 heures du matin, et on tient notre faucon de nuit de l'époque aussi impénétrable que trompeur, beau comme un oiseau de mauvais augure, déceptif comme une sale redescente triste.
Mais ce qui change depuis un certain temps, c'est que Darren Cunningham s'ennuie. Et c'est dans ces moments-là que l'ennui rencontre le concept, la sortie de piste esthétique le foutage de gueule de sale gosse. Depuis deux semaines, Ninja Tune essaie de nous faire croire qu'un "mystérieux producteur" (on commence à avoir compris la combine) lâche sans prévenir des mixtapes sorties de nulle part. Seulement, personne n'est dupe : les deux morceaux de fausse house lo-fi et de Zomby 8-bit de Dial 666 8100 et That Knightsbridge OG en écoute ci-dessous sont signés Darren Cunningham en vue d'un nouvel album d'Actress. C'est pas lui qui nous l'a dit, c'est notre petit doigt inquisiteur et notre fâcheuse tendance à toujours lui chercher des noises. Comme quoi, ça marche aussi dans les deux sens. Vous nous remercierez plus tard pour le tips.
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