Pour être complètement honnête avec vous, on n'a toujours pas compris si le grime était mort ou pas. Mais Wiley — qu'on peut voir à la fois comme le géniteur de ce sous-genre poisseux du UK Garage et comme l'un de ses fossoyeurs (il a fait des trucs pas jolis-jolis avec son invention, peut-être encore moins jolis que les morceaux de Dizzee Rascal avec Shakira, qui au moins, eux, se sont vendus) — continue bel et bien à sortir des disques (beaucoup, même) fait du même bois que ceux qui ont fait de lui une star dans les studios des radios pirates et les rues d'East London.

Si la formule de Wiley — une sorte de transposition du gangsta-rap au pays du 2-step, avec un peu de 8-bit par-dessus, pour le dire vite — a sans doute besoin aujourd'hui d'un petit coup de polish, elle a longtemps été l'une des rares propositions convaincantes venues d'Angleterre en matière de rap (on aimerait bien ne pas être obligé de parler de The Streets). À l'écoute des trois premiers extraits de son nouvel album, Snakes & Ladders, qui sort dans un mois sur Big Dada, on n'a pas l'impression que l'inventeur de l'Eskibeat ait trouvé un moyen d'upgrader sa formule pour tenir la comparaison avec la folie créatrice qui s'est emparée d'Atlanta, de Chicago et des autres places fortes du rap états-unien.



Toutefois, en se laissant remixer par son presque-collègue de label Actress (qui lui aussi touche des chèques de la maison-mère Ninja Tune), Wiley fait preuve d'une intelligence qu'on ne peut que saluer. La reinterprétation par Darren Cunningham du morceau "From The Outside" n'a plus grand chose à voir avec l'original. Ce qu'il reste des parties vocales a été découpée à la scie à métaux et le beat originel est écrasé par une ligne de basse austère qui rappelle le meilleur de Ghettoville - qui est sans doute la dernière proposition convaincante venue d'Angleterre en matière de rap, finalement.

Le remix s'écoute sur le site de The Wire et le maxi se précommande chez Big Dada.