Glenn Jones est l'un des maîtres actuels de l'americana. Tombé tout minot dans la marmite de l'American Primitivism, ce retour aux sources radical de l'art guitaristique américain initié par John Fahey à l'orée des années 60, ce Bostonien originaire de Spokane, Washington, se définit lui-même comme un continuateur de l'Ecole Takoma, famille de musiciens née autour du Takoma Records fondé par Fahey en 1959 qui compte dans ses rangs les maîtres Leo Kottke, Harry Taussig ou Robbie Basho et dont l'influence sur l'indie rock américain, de Jim O'Rourke à Sir Richard Bishop ou Six Organs of Admittance, est rien de moins que considérable.
Glenn Jones - Of Its Own Kind (Official Music Video)
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Après des années à explorer les marges extérieures du genre avec Cul de Sac, combo expérimental (comment on disait déjà à l'époque ? "
post rock"?) aux inflluences oecuméniques (de la musique moyen-orientale à la musique électronique) dont le sommet discographique
The Epiphany of Glenn Jones (1997), est une collaboration avec John Fahey, le Bostonien est devenu un maestro du
finger picking de porche à proprement parler avec
This Is the Wind That Blows It Out, premier album solo de compos pour guitare 6 et 12 cordes édité en 2004 considéré par quelques-uns comme la nouvelle pierre angulaire d'un renouveau
primitive guitar ailleurs représenté par
Jack Rose (RIP),
William Tyler,
Daniel Bachman (voir ci-dessous) et
James Blackshaw.
On vous en parle aujourd'hui parce que Jones vient de sortir un album merveilleux sur Thrill Jockey du nom de
Fleeting où son folk de hobo mystique prend une tournure étonnamment introspective et mélancolique. Enregistrées dans une cabane en bois au bord de la Rancocas Creek, dans le New Jersey, ses dix pièces pour guitare ou banjo diversement dédiées à sa mère, Kandinsky ou les maîtres
Michael Chapman et
Robbie Basho (voir plus haut) adoptent toutes la texture ineffable de l'eau qui file dans le lit d'une rivière, celle dans laquelle "
on ne peut jamais jamais se baigner deux fois" et que tous les grandes poètes et philosophes s'accordent à voir comme un miroir de l'existence et du temps qui coule trop vite.
Glenn Jones sera de passage à Paris le 1er mai pour un concert parisien aux côtés de Daniel Bachman qui promet d'être un grand moment. Ça se passe dans un appartement spacieux du 8ème arrondissement et il suffit de réserver votre place en envoyant un message à :
lachaiselestabourets@gmail.com. Vous nous y trouverez à coup sûr accroupi dans un coin, avec une petite nièce et peut-être même la belle-maman.