Demian Castellanos est justement réputé chez les adeptes de la chose psyché comme une sorte de gourou. Leader de The Oscillation, formation rare d'Angleterre qui fait partie des rares formations psyché-qui-se-joue-en-regardant-ses-pieds actuelles à ne pas foutre la honte aux ancêtres Loop ou Spacemen 3, il a traîné ses guêtres et sa guitare liquide à peu près partout où il est bien vu de projeter des fractales sur des draps tendus entre des poteaux de pierre, du post rock ésotérique (Knives ov Resistance) au psyché dub de chill-out (Children of Dub... eh ouais). Surtout dévoué à la quête de son Troisième oeil avec une guitare depuis sa plus tendre enfance, il bricole guitare, amplis et pédales en privé dès qu'il a un peu de temps devant lui à tuer ou à sublimer, à la recherche de portes d'entrée vers le Valhalla des psyché-rockers, l'espace magique qui sépare les deux Sirius.
Les expérimentations guitaristiques qui font le premier volume de ses Kyvu Tapes que publient bientôt main dans la main Hands in the Dark et son cousin britannique Cardinal Fuzz ont été enregistrées entre 1990 et 1998 dans divers lieux cachés de ses Cornouailles natales (dont Kynance Cove, surnommée "Kyvu" qui veut dire "chien" en Cornique, parce que sa pointe ressemble à un chien) et témoignent de la dévotion fabuleuse de Castellanos à cet art précieux et fragile dont la profusion de petits bras actuels aurait tendance à faire croire qu'il est "facile" à faire. Mais à l'instar du drone ou du dark ambient, c'est bien évidemment tout le contraire: moins il y a de choses à entendre et plus le champ de possibles a l'air restreint, plus l'art est difficile à sublimer.
Armé de divers accessoires ("fourchettes, couteaux, bouts de papiers"), d'un magnétophone 4 pistes cassette et de nuits blanches à perte de vue, Castellanos a passé des années à chercher et, s'il faut croire cet adage bouddhiste qui dit que "la quête est le trésor", à trouver des gemmes dans le chaos. Souvent identifiables (l'horizon évident est toujours le shoegaze à son âge d'or), parfois abstraites jusqu'à jouxter le territoire de l'ambient de chill-out, très variées et jamais systématiques (on est très loin par exemple des Private Tapes de Manuel Gottsching), ces expérimentations tombent en tout cas à pic pour nous redonner un peu foi en ce satané renouveau psychédélique qui a pris pas mal de plomb dans l'aile ces derniers mois pour cause de surproduction valétudinaire.
The Kyvu Tapes Vol.I (1990 - 1998) sort le 4 mai, et tout ce qu'il y a à savoir pour se le procurer est à déchiffrer sur le site de Hands in the Dark.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.