Cela faisait un petit moment déjà que Seattle n'avait pas rouvert ses portes à l'électricité massive qui faisait sa fierté d'antan. En signant Metz, trio de Toronto aux faux-airs de lorrain, Sub Pop renoue en creux avec les bruyantes caractéristiques de sa jeunesse, ces groupes à l'hygiène douteuse qui apprenaient aux jeunes à fuir le savon et à mieux accepter la puberté. Aujourd'hui, le label semble avoir perdu de vue les santiags de David Yow et l'ampli de Mark Arm, plus soucieux de diversifier son catalogue. Un choix souvent judicieux ( Chad VanGaalen, King Tuff, The Gutter Twins)  mais qui a connu aussi ses moments de solitude et d'incongruité (Nikki And The Dove, les soeurs à barbe de Cocorosie, le hip-hop-pour-les-gens-qui-n'écoutent-pas-de-hip-hop de Shabazz Palaces) pour développer un casting auquel il ne manque plus qu'un groupe de world-indie music et une collaboration crispante afin de devenir la version américaine de 4AD.

Pourtant avec ce trio produit par Graham Walsh de Holy Fuck, qui a délaissé pour un temps la traque des trucs qui font des bruits et des beats, c'est tout un canal historique qui renaît sous nos yeux. Le premier extrait intitulé Headcharge, et qui préfigure d'un album qui sortira au mois d'octobre, convoque tout ce qui faisait de Sub Pop un épicentre majeur de la bruyance adolescente : (mode fanzine on) riff balbutiant de simplicité, rythmique taillé dans un chêne centenaire, et choeur goguenard (mode fanzine off). C'est tellement bien fait qu'on ne peut croire qu'a une soudaine montée de culpabilité de la part de Jonathan Poneman, patron historique du label. Pris de remords et de douleurs étranges, il doit surement être dans la ligne de mire d'un commando de bucherons à flanelles et cheveux gras qui le torture secrètement à coup de poupées vaudous et de sortilèges indiens pour que Sub Pop redevienne Sub Pop. On n'en demande pas tant, juste une suite au niveau de ces 139 secondes, et on sera déjà de retour en 94.

Headcage

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