Ah tiens, Metz reviennent. Ah chouette, ils sont toujours tout seuls sur leur créneau. Comment ça, quel créneau? Mais si, vous voyez bien, le post-hardcore de binoclard pas trop intello quand même, un peu sportif, un peu idiot, un peu juvénile pour de vrai? Qui connaît ses classiques (Big Black, Jesus Lizard, tout le catalogue Alternative Tentacles) sur le bout des doigts, qui sait quand même s'amuser avec un riff concon et des amplis réglés trop fort mais qui refuse obstinément de se poser la moindre question sur la moindre problématique soulevée par son hardcore replié sur ses bourrelets comme un otaku dans sa chambre décorée de posters de Hatskune Miku?

A la sortie de son premier album éponyme il y a deux ans, on avait un peu prestement (et cruellement) fait de ce trio canadien l'emblème d'un comeback qui tombait à pic pour flatter notre nostalgie des 90's mais également de tout ce qui clochait avec le rock toutes guitares dehors dans nos cruelles années 2010, notamment son absence terrible d'urgence, d'histoire, de nécessité. En gros, Metz fait partie de ces nouveaux groupes qui existent parce qu'ils le peuvent, profitant un peu naïvement de réseaux alternatifs désormais bien établis que les générations précédentes ont trimé si durs pour faire exister mais peinant surtout à accoucher d'un discours digne de ce nom.

Deux ans plus tard, (presque) rien n'a changé dans le monde, (presque) rien n'a changé dans nos têtes non plus mais par une mystérieuse conjonction astrologico-métérologique, on a envie de prendre cet "Acetate" un peu plus à la légère et de l'apprécier pour ce qu'il est aussi, quand même, au finish: une belle grosse tranche de pain de mie brûlée tartinée de tabasco, comme il nous en arrive trop peu par la poste en ce moment. Ça gueule donc dans le vide et dans le bon micro vintage, ça joue du riff hardcore élimé avec exactement la bonne épaisseur de saturation, ça sera à n'en pas douter formidable à s'infliger en live au Garage Mu ou à l'Espace B. Allez, longue vie à Metz et vivement la sortie de II, le 5 mai sur Sub Pop.