A tout fun utile, il peut-être utile de rappeler parfois le non monopole de notre capitale en terme de musique électronique de danse. Comme me le glissait en fin d’année un jeune producteur (Elzeard pour ne pas le citer, qui a sorti avec son frère un très joli split à l’automne dernier, mais c’est une autre histoire), si on regarde les meilleures sorties françaises de l’année passée, les labels français qui sortent leur épingle du jeu en 2015-2016 s'appellent Antinote, Le Cabanon et Brothers From Different Mothers, et ils ne sont pas tous basés dans le nord-est de la capitale. Paris, Toulouse, Lyon, soit un triangle qui penche doucement vers le sud, auquel on peut ajouter au compte de Lyon Macadam Mambo, les disquaires Groovedge Record Store et Chez Emile ou la jeune et excitante radio LYL, et nous voilà bien obligé de reconnaître que la cité de la gastronomie en a beaucoup à remontrer à Paris.
Avec cette sixième sortie, Brothers From Different Mothers continue à se poser en fer de lance de la fourmillante cité rhodanienne – comme on dirait chez Téléfoot. Esthétique en avant, le label a tout pour flatter les collectionneurs d’objets. Plein de gros mots dans la bouche, BFDM attrape aussi quelque chose du zeitgeist, de l'urgence du temps présent : le label n’a pas le temps (« pas l’time » devrait-on dire ?) et ça se voit dans ses artworks faussement vite faits façon mauvais flyer à bas coût autant que le sens de l’humour et du non-sens qui vient d’emblée rassurer sur l’entreprise, comme le chien Diabolo qui claque une barre tranquille juste à côté du titre (Hyena Sticks Head In Elephant’s Butt).
Sur ce nouveau maxi du trio J-ZBEL, ça donne des choses aussi gentiment WTF que "Nem De Porc" ou "Logan Dub". Musicalement, c'est du vrai faux second degré, une cornucopia de références qui explosent ans tous les sens: drum’n’bass trafiquée sur "Nem de Porc", electro/rave sur "Diablo Verde", utilisation éhontée d’un kick trop entendu à Rotterdam ou chez les fans de tuning entrecoupé de pull ups arbitraires sur "Lauren Misogyn"... La sauce est aigre-douce mais elle prend miraculeusement. C’est assumé, c’est bien maîtrisé. Bref, c'est de la musique compliquée qui ne se prend pas la tête, pleine d’emprunt mais pas populo. In truc qui nous donne envie d’utiliser les mots « décomplexé » et « post-moderne », mais on va en rester là pour aujourd’hui.
Hyena Sticks Head In Elephant’s Butt sort en physique le 4 avril, et d’ici là vous pouvez vous faire les dents sur la réédition du premier méfait de J-ZBEL, qui sort le 8 février.
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