Pour remonter aux origines du monde et de ses habitants, il faudrait rembobiner la frise chronologique des âges à grandes enjambées, en passant par homo sapiens, deux Herrerasaurus en rut qui s'écharpent pour le bout de viande, puis l'apparition des premiers arthropodes. C'est ce que propose Kaitlyn Aurelia Smith avec son nouveau morceau Arthropoda, un voyage dans le temps dont seul son synthétiseur Buchla Easel à le secret.

On avait découvert la musicienne originaire de l'État de Washington avec Euclid, son premier récit labyrinthique sur Western Vinyl dont les chimères buccoliquo-synthétiques avaient déjà fait leur charme sur nos petites âmes admiratrices de Suzanne Ciani et Terry Riley. Désormais installée à LA, loin des arborescences de l'île d'Orcas du nord de Seattle qui avaient influencé son précédent album, Smith s'est inspirée de l'univers cyberpunk de Moebius et de Nausicaä de la vallée du vent de Miyazaki pour nourrir les élucubrations somatiques de son nouvel album, EARS.

Avec un nom qui semble vouloir vous rappeler que vos oreilles sont destinées à des sons bien plus subtils que ceux que vous subissez dans nos métropoles surpolluées, EARS a été produit avec le même Buchla Easel dont l'américaine exploite les capacités du son "le plus humain qui soit" depuis ses premiers albums. On ne pouvait pas attendre d'instrument plus éloquent pour évoquer le thème du vivant, qui semble bien être celui de son album aux vues de la pochette joliment bigarrée qui aurait pu servir d'affiche à la ménagerie du jardin des plantes dans la fin des années 90 et des titres des morceaux : "Rare Things Grow"; "Wetlands" ; "Envelop" "Arthropoda". Un herbier musical pour tous ceux qui ont grandi au milieu d'une bataille de dinosaures en plastique et autres bestiaires imagés, de nature ou de fiction.

Écoutez Arthropoda ci-dessous, en attendant l'album qui sortira le 1er avril sur Western Vinyl.

Kaitlyn Aurelia Smith - "Arthropoda"

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