Qu'est-ce qu'il se passe avec DFA, au juste? En ce moment, c'est comme si le label de James Murphy ressemblait à un poulet à qui on venait de couper la tête. Après avoir sorti l'année dernière le Londonien Sinkane et sa soul pop façon Ben l'Oncle Soul (on exagère à peine), voilà qu'il nous refait le coup du dance punk à guitare tranchante, versant J.O.Y, le premier Liars ou encore Ex Models de dix ans auparavant. Je dis ça parce qu'à l'époque, j'étais à fond dans ces conneries, et que l'écoute de ce nouveau morceau de Guerilla Toss me file un peu des remontées d'Erase Errata - ce qui n'est pas désagréable, au demeurant. Seulement, voilà, je n'ai plus 14 ans, et les mélanges-resucées mal dégrossis de Chic et de la no-wave, c'était cool quand j'étais encore en âge de fantasmer sur ma prof d'Histoire, mais maintenant que j'ai d'autres chats à fouetter et des problèmes un peu plus sérieux à gérer (payer mon loyer, avoir un vrai salaire, ce genre de trucs), cette presque madeleine de Proust me file un goût assez fadasse dans la bouche.
Il n'empêche, en bons pourvoyeurs du neuf que nous sommes, on n'est tout de même pas contre une bonne vieille machine à nostalgie de temps à autre, même si c'est pour enlever tout le suc et la substantifique moelle d'un groupe à l'origine bien plus braillard qu'il ne l'est désormais dans les mains de ce ripolineur de James Murphy. Car avant de tâter de la danse et du groove sec, Guerilla Toss frayait tout de même avec John Zorn, sortait des disques sur des structures microscopiques à l'esprit "punk un jour, punk toujours", et balançait des jeux de mots politiquement pas très corrects sur ses pochetttes de 45 tours édités à 350 exemplaires. Sérieusement, maintenant à certains moments on croirait entendre Lizzy Mercier Descloux remixée par The Rapture. Ça fait bizarre - et pas forcément dans le sens weirdo coolio qu'on affectionne.
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