La réédition surprise du génial premier album de Shocking Pinks va peut-être nous faire réévaluer l'importance de ce groupe parmi tant d'autres sur lequel, pour être honnête, on ne s'était jamais vraiment attardés. Une réédition réjouissante donc, parce que cela va permettre à une grande majorité d'entre vous (nous compris) de (re)découvrir un album vraiment super, sorti il y a plus de dix ans en total DIY en Nouvelle Zélande. Mais cette réédition est surtout vraiment inattendue, parce que jamais on aurait imaginé que Spiral Jetta Recordings, micro label des différents projets perso pop electro glam-geek d'un jeune homme moderne, sortirait un jour un disque pareil. Autant dire que cette réédition "pour la première fois en vinyle" est donc aussi une occasion en or de vous parler de ce label dont vous n'avez probablement jamais entendu parler : l'interview qui suit de l'attachant Cyril, l'homme à cheveux long aux commandes, vous donnera ainsi de nombreuses réponses à quelques questions que vous ne vous seriez jamais posées.
Mais avant de lui donner la parole, répétons une fois de plus notre maxime : ce disque de Shocking Pinks est vraiment incroyable, surtout 11 ans après sa sortie. Et si personne n'avait vraiment remarqué le train d'avance qu'ils avaient alors (un peu dans la lignée d'autres grand outsiders post-punk, disco-punk, shoegaze-psych-pop et/ou funk-no wave de l'époque tels que Whitey ou Chromatics), c'est que les Shocking Pinks sont vite rentrés dans le rang, comme ça arrive assez souvent, après ce disque inaugural, et ont signé avec des rêves plein la tête chez les illustres Flying Nun, puis chez DFA, en perdant au passage cette touchante fraîcheur, sinon cette grâce du débutant, qu'ils n'ont jamais vraiment retrouvé depuis en voulant surfer sur l'ambiance gros sabot des "punks qui découvrent l'ecstasy" de la fin des années 2000. A la fois complètement dans l'air du temps mais noyé dans la masse d'autres groupes dans le genre en 2004 (The Rapture, TV On The Radio, LCD Soundsystem, !!!, Ratatat et autres rockeurs en boîte de nuit dont on a oublié les noms), Dance The Dance Electric sera donc vite oublié, malgré une bonne note chez Pitchfork (rires).
Cette réédition tombe donc vraiment à pic. Elle permet en effet, en plus du réel bonheur procuré par son écoute et son incroyable modernité (de la pop lo-fi un chouille garage et groovy en diable qui chipe autant à ESG qu'à Spectrum, CAN ou des groupes comme les Pastels), de replacer Shocking Pinks dans ce qu'on appellera, faute de mieux, les "groupes importants", n'ayons pas peur des mots. On leur pardonnerait presque leurs récentes boursouflures discographiques, c'est pour dire. Et donc, plutôt que de vous raconter en détail ce qu'il y a dans ce disque, on vous conseillera comme d'habitude de l'écouter (afin que vous compreniez le défi d'une description rapide), et de lire l'interview de Cyril de Spiral Jetta, un vrai type de 2015 pour qui c'est normal de s’endetter pour sortir en vinyle un disque pas si vieux que ça dont il est fan.
Comment un type fauché à la tête du plus petit label français s'est-il décidé à rééditer avec Flying Nun le premier album d'un groupe Neo Zelandais ?
A l'origine le disque est sorti sur en CD sur Pinacolada, un petit label Néo-Zélandais. Ça a été le point de départ du buzz qu'il y a pu avoir autour de Shocking Pinks, s'ensuit la signature sur le mythique label Flying Nun pour les deux disques suivants Mathematical Warfare'& Infinity Land... DFA finira par s'intéresser au groupe en sortant en 2007 une sorte de compilation de tracks issus de ces deux albums, accompagné de deux inédits dont une excellente reprise d'Arthur Russell. C'est à cette époque là que, comme beaucoup, j'ai connu le groupe et que je suis devenu vraiment fan. L'histoire derrière la réédition est un peu conne...
L'année dernière, je discutais avec Luke Rowell (Disasteradio, Eyeliner, qui a aussi bossé sur le dernier single 7" de Splash Wave) d'une possible ressortie de son album VISIONS en K7 pour Spiral Jetta. C'est un excellent album de synth pop, et je me suis mis dans l'idée d'essayer de ressortir en K7 quelques trucs comme ça qui ont été marquants pour moi. Au fur et à mesure.
Pour la parenthèse : Spiral Jetta est à la base carrément auto-centré, car ça a commencé comme un projet de diplôme d'école d'arts. Donc la plupart des productions rattachées y sont mes propres morceaux ou collaborations, sous différents alias. Mais aujourd'hui ça m'intéresse nettement moins de fonctionner comme ça. J'ai eu mes diplômes, donc plus rien ne justifie l'individualisme. Donc je suis aujourd'hui plus dans une démarche d'ouverture qu'à l'époque. Pour en revenir à la réed du Disasteradio, étant donné que le disque était sorti sur un label (A LOW HUM), Luke s'est juste assuré par mail qu'il n'y aurait aucun problème pour le boss du label, et finalement, le lendemain je reçois un mail de la part de Ian de Low Hum pour me demander si je veux participer à la ressortie de Dance The Dance Electric et leur booker des dates en France. Evidemment, je suis hyper chaud, mais je me pose aussi beaucoup de questions parce que le format vinyle m'est assez inabordable.
Au final, on est quelques labels en Europe à se partager la ressortie selon des zones géographiques : Edils pour le Royaume-Uni, Geertruida pour les Pays-Bas, Spiral Jetta pour la France et A Low Hum pour le reste du monde. C'est assez efficace, et ça permet de fractionner le prix de manière abordable (mais ça reste quand même assez élevé à prendre en charge à cause du licensing). Pour Flying Nun, je vais casser un peu le truc, mais finalement ils sont plus dans le coup. J'ai pas exactement suivi le pourquoi, en tout cas c'était prévu au début qu'ils fassent partie de la re-release. J'imagine que c'est parce qu'il y à déjà A Low Hum qui chapeaute le truc pour la Nouvelle-Zélande, et qu'ils ont préféré trouver des partenaires plus localisés au niveau des pays de la tournée.
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