Aujourd'hui, le nom d'un label (et de surcroît, celui qui porte en lui un modèle économique fragile) indique non seulement sur une éventuelle ligne esthétique à suivre et peut offrir d'office des pistes de réflexion quant à la teneur de ces mêmes propositions. Celui de Collapsing Market, basé à Paris et géré par un certain Cyrus Goberville et notre collaborateur Louis Vial (également moitié du duo Mura Oka et à la tête du projet Eszaid), n'échappe pas à la règle et offre son lot de connotations bienheureuses.
La première, la plus évidente, réside dans cette idée que si l'industrie musicale indépendante se trouve effectivement dans un stade à la fois terminal et interminable d'anéantissement (on note la notion de glissement induite par le suffixe -ing de "collapsing"), alors cela offre paradoxalement un terrain de jeu propice aux expérimentations formelles les plus folles, car affranchies de tout asservissement économique (puisqu'il n'y a plus d'argent, vous suivez?). La deuxième, plus insidieuse mais tout aussi seyante, nous aiguille sur la proposition artistique défendue par Collapsing Market, entre délitements électroniques et brisements industriels, et qui en est aujourd'hui à sa cinquième sortie cassette en deux ans.
Il faut dire que leur nouvelle sortie correspond parfaitement à cette idée de délabrement et de perte. Pourvoyeur d'electronica piteuse et de dark techno ambient sépulcrale et anémiée, Restive Plaggona, projet solo du producteur grec Dimitris Doukas, n'a pour l'instant qu'une sortie référencée à son actif; Leftina/Osha, publiée en début d'année chez DVNTT. Sur sa nouvelle livraison Rojava's Model (qui fait référence au modèle politique d'autogérance de la crise syrienne, on reste dans le thème de l'insularité), il dessine une suite d'esquisses titubantes et désagrégées, tributaires d'une musique industrielle en constant mouvement d'auto-dépérissement.
La cassette Rojava's Model de Restive Plaggona sort demain sur Collapsing Market. Elle nous a été envoyée en deux pistes, et elle est en écoute intégrale ci-dessous, en deux blocs donc, comme on écoute les cassettes à la maison :
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