S'il y a de la musique atmosphérique et de l'ambient d'alcôve, les expérimentations sonores de Rodolph se rangent dans la seconde catégorie. Sur la face A de la split tape sortie sur le label de cassettes Hylé Tapes en début de mois, les trois premières compositions s'étirent sur près de 20 minutes, où l'intensité succède à la délicatesse en tension. Tantôt abstraction bienveillante et sensible (Squirrel in the dollhouse), contemplative (Vent Lunaire) où la froideur mélancolique est adoucie par les notes de saxophone - la musique de Rodolph se déploie en souplesse, et forme un assemblage de nappes synthétiques et d'instrumentations délicates.

De délicatesse il est encore question dans la face B, où se déploient les instrumentations de Formal Regression, parisien lui aussi. Composées et arrangées intuitivement, les 4 morceaux composent une palette sonore d'émotions et explorent plusieurs registres du sensible en évoluant avec subtilité de l'anxiété à l'apaisement. Quand l'angoisse latente - figurée par des boucles répétitives et des notes appuyées - s'éteint (Je me quitte), c'est pour laisser place à des modulations en forme de flux et reflux (Latency). Ainsi la cadence évolue, docile, et le travail de la matière sonore se fait plus serein, enrobant et pénétrant (Le Monde Fantôme).  Enfin l'ambiance poétique bascule dans l'intensité tourmentée (Rétrovision), renforçant le sentiment que cette musique est à l'image des émotions humaines : sensible et versatile.

Rodolph et Formal Regression ne proposent pas une musique qui se revendique du discours, ni même de la violence expiatoire; leurs expérimentations sonores élaborent une géographie émotionnelle douce, qui laisse la liberté à chacun d'y imprimer ses propres images mentales.

La cassette est sortie le 11 Novembre sur le label de musiques électroniques expérimentales Hylé Tapes (en édition limitée à 50 exemplaires - chaque pochette étant sérigraphiée par Romain Arnette), la cassette est déjà sold out.