Il y a une forme de douce hardiesse chez Pointe du Lac, un certain aplomb à se réapproprier son environnement direct et des formes musicales pré-établies (le krautrock, Arvo Pärt) pour mieux s'en jouer, les pervertir, et, paradoxalement, leur offrir un écrin des plus étincelants.
Originaire de Créteil, Julien Lheuillier de son vrai nom tire son projet du nom du terminus de la ligne 8. Mais alors que cette dernière se caractérise par sa laide quotidienneté, Lheuillier en tire tout le suc cosmique et comprend qu'il y a tout à gagner à révéler la beauté tapie dans le néant. Ce n'est pas de l'escapism, parce qu'on ne cherche pas à fuir quoi que ce soit, mais plutôt à composer directement avec un milieu informe, et pouvoir ainsi trouver une goutte d'éternité dans un prosaïsme pas forcément très ragoütant de prime abord. Et c'est peut-être d'ailleurs pour ça que la musique de Pointe du Lac est si belle.
Dans une démarche non pas de dépoussiérage mais d'élévation, elle convoque les héritages du krautrock et de Robert Wyatt, dans un aller-retour entre Düsseldorf et Canterbury directement depuis l'année 1972. Il faut aussi signaler cette manière qu'a Pointe du Lac de prendre à bras le corps des monuments musicaux, de ne pas se laisser démonter par le poids de l'histoire et des dogmes. Sur son nouvel EP, EP2, qui sort demain chez le label de cassettes Hylé Tapes, il y a cette reprise d'Olivier Messiaen, "Louange à l'Éternité de Jésus", où le violoncelle original se fait supplanter par un mellotron progressif. C'est très beau, un peu culotté, sans une once de distance, et c'est peut-être ce qui rend la démarche si précieuse.
EP2 sort demain chez Hylé Tapes. EN attendant, il est en écoute intrégale ci-dessous :
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