Si pour de nombreux Lyonnais, 1978 fut une année noire (Bernard Lacombe – l'enfant du pays qui a gagné une finale de Coupe de France avec la main – est transféré à St Etienne), pour d'autres ce fut celle du rêve américain. Formé en 75 par des lycéens fans du Velvet (le groupe s'appelle d'ailleurs un temps Femme Fatale), Marie et les Garçons sort fin 77 un EP impeccable sous influence Television sur Rebel Records, premier label de Michel Esteban (qui produira entre autres des disques de Suicide via Ze Records). Puis début 78, le groupe enregistre, à New York et avec John Cale, le tube « Re-Bop » et joue au CBGB avant de rentrer à Paris assurer les premières parties de Patti Smith et des Talking Heads puis de se perdre dans le disco.
2014. Après une période faste (7 titres de champion consécutifs s'il te plaît), l'Olympique Lyonnais galère à nouveau en milieu de tableau tandis que le rival St Etienne, pour le moins discret depuis les années 80, s'est refait une santé. Comme par hasard, c'est le moment qu'a choisi le label Born Bad pour exhumer la synth-pop stéphanoise de Cha Cha Guitri.
La riposte ne s'est pas fait attendre trop longtemps : un label suisse au nom génial (We Release Whatever The Fuck We Want) et aux deux premières références prometteuses et licencieuses (la B.O., signée André Georget, du documentaire culte La France Interdite, et une mixtape de rap salace), réédite « Re-Bop ». La version originale, avec John Cale au marimba, s'y frotte à la version électronique (sortie en 79) et à un remix inédit du duo israélien Red Axes (le même qui avait repris Bauhaus au printemps dernier), efficace comme une frappe de Juninho.
Précisons que derrière WRWTFWW, on retrouve deux têtes connues : Oliver Ducret, qui dirige le label Mental Groove depuis que j'ai 6 ans, et Stephan Armleder, alias The Genevan Heathen, A&R de la maison Villa Magica, dont on se souvient qu'il nous vendait il y a dix ans des CD-R de rap de Boston. « On avait toujours eu l'idée d'un label en commun » nous dit Stephan. « Un jour, Oliver me propose des soundtracks de dessins animés avant-gardistes des années 70, un jour je propose à Oliver des rééditions de Ministère AMER. Certaines idées mènent à quelque chose, d'autres ne dépassent pas le stade de l'idée ». Dans les tuyaux, un album du Toscan funky Moggi alias Piero Umilani, l'homme derrière "Mah na Mah na", composée pour un film érotique suédois, démarquée par Henri Salvador et utilisée par le Muppet Show et Téléfoot. On écoutera si on veut.
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