Minimal Wave a un don pour flairer les objets cultes ultra rares - vous me direz que l'essentiel de son activité est tourné la-dessus - mais quand même. Présentement le label vient de rééditer l'un des trésors de la synth pop britannique: le Irene & Mavis de Blancmange (qui était forcément introuvable). L'occasion de se replonger au début de la synth pop et à ce moment fascinant ou la génération de musiciens post-punk troquait ses guitares contre des synthétiseurs était trop belle pour qu'on la laisse filer.

On est au début des années 1980, l'Histoire de la synth pop est en train de s'écrire. Kraftwerk et Walter Wendy Carlos n'ont pas fini de faire des émules et de nombreuses formations voient le jour. Parmi elles il y a Cabaret Voltaire, Soft Cell, The Human League devenus ensuite des icônes absolues du genre. À côté de ces légendes, Blancmange se débrouille comme il peut. Et même s'il chatouille un temps les charts anglais avec les "tubes" de l'album Happy Family, on peut dire que le duo passe à côté de l'histoire. À sa sortie, Irene & Mavis connaît surtout un relatif succès d'estime. Daniel Miller le remarque et appelle le duo avec humour les "tantes de la musique électronique". Mais le fondateur du label Mute ne les a jamais signé pour autant et Blancmange n'a jamais vraiment pu s'extirper du carcan des seconds couteaux de la scène dans lequel il était bien malgré lui circonscrit. 

Pourtant, ce six-titres contient quelques merveilles instrumentales. Il est ce que Blancmange a fait de plus expérimental et minimal. C'est un "vestige fascinant qui capture la période de gestation du duo" ai-je même pu lire sur Loud Than War. Il faut dire que Neil Arthur et Stephen Luscombe sont jeunes, ils viennent d'obtenir un diplôme d'art quand ils se frottent aux synthés, bien avant de se perdre dans des sonorités exotiques un peu douteuses. Ils étaient pourtant présents sur la ligne de départ du marathon synth pop (cf. la compilation Some Bizarre Album en 81). Mais ça c'est une autre histoire...