Oubliez la rétromanie, oubliez le passé, oubliez le futur: si les années 2010 resteront comme les années de quelque chose dans l'histoire de la pop music, ce sera la réédition de niche. Pas une semaine ne passe sans qu'un label ou un article ne ressorte sa scène oubliée. Parano-funk ici, electronic soul là, la parenthèse enchantée (définitivement refermée) des audioblogs spécialisés dans les rendez-vous ratés avec la postérité a donné faim aux mélomanes tendances fouille-merde et donné le feu vert aux idées les plus dingues des rééditeurs-diggers.
Parmi eux, à côté de Now Again, Light in the Attic et Finders Keepers, il y a bien sûr Numero Group, maison de Chicago dirigée par Tom Lunt et Ken Shipley de Rykodisc dont le catalogue est blindé d'anthologies aux sous-textes merveilleux improbables: l'oeuvre compilée d'un dieu de la musique new-age greco-californienne, un survol de la très idiosyncratique scène funk de Minneapolis avant et autour de Prince, l'excavation du seul et unique album jamais enregistré par un groupe de proto metal dont vous n'avez jamais entendu parler...Et puis là, tout droit sorti d'un chapeau de Gandalf, il y a cette très étrange compilation de hard américain 70s dont 100% des groupes sont inconnus au bataillon (forcément, ils sortaient leurs disques eux-mêmes) et des gros, gros joueurs de Donjons et Dragons.
Directement inspiré jusque dans son artwork gribouillé au Bic par le mythique jeu de rôles de Gary Gigax, Warfaring Strangers: Darkscorch Canticles ouvre donc un fenestron sur une subculture dont on n'avait aucune idée qu'elle avait bien pu exister, faite de riffs adorables, de logos faits main et d'hymnes à Satan, Sauron et à la race éteinte des Dragons. Vu l'importance de l'heroic fantasy et des corps-à-corps au glaive en fer forgé dans l'imaginaire metal, il se pourrait bien en outre que l'armada d'inconnus à laquelle on a affaire soit bien plus en avance sur son temps qu'elle n'en ait l'air. En avant-goût, on écoute "Warlord" de Wrath (rien à voir avec le groupe de thrash du même nom), très jolie chose Hawkwind-Black Sabbathienne qui a la double particularité d'être chantée par une choupinette qui aurait pu chanter dans les Go Go's et décorée d'une sublime basse subtilement désaccordée.
On vous met le tracklisting, parce que les noms des groupes sont tellement cool qu'ils permettent de se faire une jolie idée:
01. Air, “Twelve O’Clock Satanial”
02. Wrath, “Warlord”
03. Stonehenge, “King of the Golden Hall”
04. Triton Warrior, “Sealed in a Grave”
05. Junction, “Sorcerer”
06. Stone Axe, “Slave of Fear”
07. Wizard, “Seance”
08. Stoned Mace, “Tasmania”
09. Arrogance, “Black Death”
10. Sonaura, “Song of Sauron”
11. Dark Star, “Spectre”
12. Inside, “Wizzard King”
13. Space Rock, “Dark Days”
14. Medusa, “Black Wizard”
15. Gorgon Medusa, “Sweet Child”
16. Hellstorm, “Cry for the Newborn”
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