Alors comme ça on ne connaît pas Michael Angelo? Quand on entend son nom, on pense à ce fameux voyage scolaire à Rome où on a touché les seins d'une fille pour la première fois et aux Tortues Ninja? On va dire que c'est normal. Originaire de Kansas City, au coeur du coeur du Missouri soit le trou du trou du cul des Etats-Unis, Michael Angelo le chanteur est passé totalement sous le radar de l'Histoire du rock pour la simple et très légitime raison qu'il a produit ses disques lui-même en loucedé, la nuit, en squattant le studio où il travaillait comme musicien de session, consacrant son talent de guitariste à diverses musiques utilitaires (jingle, publicités) pour les médias du coin, avant de le sortir sans y penser sur le minuscule label local qui lui avait donné accès à une console pour le mixer.
Autant dire qu'on est jusqu'au cou dans la troisième zone de la pop music, celle des disques pressés à compte d'auteur (chez les diggers, on dit "private press") où, en principe, la majorité de ce qui se presse ou s'imprime ne présente aucun interêt objectif pour l'histoire de l'art. Mais ça, c'est le principe, et s'il y a une chose que notre mélomanie et les torrents de musique obscure réédités ces dernières années (trois exemples au hasard dans notre database: Lewis / Medusa / K.Leimer) nous ont bien appris, c'est qu'on serait bien bête de s'y conformer. Autrement dit la postérité rock a, dans l'ensemble, fait son job de manière plus qu'honorable, mais on serait bien bête de ne pas profiter du job des diggers et des labels de réédition un peu pervers qui vont fouiller sous la croûte parce qu'on passerait à côté d'objets ponctuellement merveilleux et susceptibles de nous amener pas mal d'amusement voire de bonheur. De bons disques, quoi.
Tout bientôt réédité par Anthology, le premier (concept) album éponyme de Michael Angelo publié en 1977 en tout cas n'est pas qu'une curiosité psyché pop dont le seul intérêt est d'être né 10 ans trop tard, à 6985 kilomètres de l'endroit où il aurait été plus logique qu'il voie le jour. Considéré par les spécialistes comme "l'un des disques de rock psychédélique les plus rares de l'histoire de la musique", Michael Angelo s'échange à 3000 dollars dans les conventions de disques rares mais renferme surtout 10 pépites de baroque pop nourrie aux meilleures mélodies de Love, des Zombies, des Byrds ou des Pretty Things époque S.F. Sorrow, pleines d'embardées de guitares 12 cordes aigrelettes, de lézardages proto prog délicieux et d'effets sonores dignes de Joe Meek (le "Telstar" des Tornados est cité dans la bio officielle de l'Américain comme le morceau qui l'a orienté vers la musique).
Il s'agira donc moins, en achetant Michael Angelo en LP épais la semaine prochaine, de réparer une injustice majeure à la Rodriguez, Michael Angelo n'ayant vraisemblablement jamais ambitionné de devenir une rock star, mais de faire un nouveau pied de nez à la postérité et un joli cadeau à votre collection de vinyles bien pressés. Matez donc le documentaire ci-dessous et comptez les minutes que vous arriverez à tenir avant de foncer sur le site de Mexican Summer / Anthology pour en savoir plus.
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