Dix ans après la première réédition de Sixto Rodriguez qui a conduit au hit Searching for Sugarman, Matt Sullivan et Light In The Attic s'apprêteraient-ils à nous refaire le coup de la réédition miraculeuse? En tout cas, avec L'Amour de Lewis, ils ont tout le mystère qu'il faut pour faire un petit tabac.
Curiosité canadienne excavée comme d'autres par les mélomanes philantropes d'Internet, cet album paru dans l'indifférence générale sur un minuscule label en 1983 ne manque en effet pas d'attraits croquignolets pour séduire les foules contemporaines avides de storytelling. Les seuls détails hagiographiques tangibles qu'on connaît de notre crooner anonyme (il a multiplié les pseudonymes jusqu'à totalement disparaître dans la nature) sont la Mercedes décapotable blanche dont il aurait été propriétaire, la très jolie fille avec laquelle il aurait vécu à Beverly Hills, et la photographie de sa bouille prise par Edward Colver (que vous connaissez peut-être pour ses très nombreuses photos de la scène punk-rock californienne) qui a servi d'artwork à son unique album. Pour le reste, rien n'est sûr, même pas son vrai nom. Ainsi son neveu supposé, rencontré au Canada par les enquêteurs de Light in the Attic, n'a pu que les aiguiller vers un studio d'enregistrement dans lequel Lewis aurait enregistré "trois ou quatre albums de soft-religious music".
Mais ce qui motive avant tout notre attrait pour le nuage de mystère autour de L'Amour, c'est la qualité et la singularité de l'objet. A une époque où la pop californienne s'engouffrait dans le hair metal, le mystérieux Lewis bricolait un album de chansons d'amour mi-tradi, mi synthétique, qui annonçait avec presque 10 ans d'avance les collages génialement anachroniques d'Angelo Badalementi pour Twin Peaks. Difficile donc d'expliquer ce qui rend cet album exceptionnel tant l'impression générale qui s'en dégage est évanescente, malaisée à fixer et à saisir. Light in the Attic décrit L'Amour de Lewis comme "un album émouvant, sombre qui fait écho au Nebraska de Springsteen ou aux morceaux atmosphériques d'Angelo Badalamenti", on ira de notre côté jusqu'au sort qu'Elvis ou Townes van Zandt ont fait à la country et aux chansons mélancoliques des prairies.
Voici donc deux des morceaux extraits L'Amour qui sortira tout bientôt chez Light In The Attic. Mon seul regret : ne pas trouver le morceau "Romance For Two" spécialement dédié par son auteur à la mannequin Christie Brinkley très à la mode chez Sports Illustrated dans les années 80.
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