Comme son nom de plume merveilleusement référencé (l'Egypte occulte, Aleister Crowley, l'oeuvre orchestrale la plus majestueuse du maverick Giacinto Scelsi) ne l'indique pas, Konx-om-Pax est un vidéaste et musicien écossais de 26 ans surtout reconnu pour ses reals, artworks et CGI psychotropes pour le compte de Onehotrix Point Never, Martyn, Jamie Lidell, Hudson Mohawke et les gens du label LuckyMe.

Fan de Coil, Autechre et de Werner Herzog, le garçon nous intéresse beaucoup parce que son monde onirique s'étend simultanément dans l'ether et dans les airs, pour les yeux et pour les oreilles. Séparez les deux, et le trouble s'installe: ses soundscapes ressemblent à des bande originales qu'on aurait amputé de leurs images, et les paysages hyperréels qu'il génère sur ordinateur ont tous l'air de s'animer sur des cadences imaginaires.

Surtout, ses sons et lumières coulent du même univers parallèle, singulier amas de couleurs, de rhizomes et de bruits de volcans aux confins duquel on est toujours anxieux mais heureux de retourner. Récipiendaire de ce surréalisme fantastique à la britannique avec lequel on vous rabache quelque fois les oreilles, Konx-om-Pax ne fait pas plus de la dance, de l'ambient ou de l'electronica qu'il n'est graphiste ou raconteur d'histoires: il pose plutôt des idées brutes et plus ou moins étranges dans des endroits fertiles, indifféremment auraux ou visuels, et leur dégage la voie pour qu'elles puissent au mieux s'y déployer.

C'est particulièrement le cas dans ce Selective Recall autoproduit via sa structure Display Copy. Entre compil de fonds de tiroir et anthologie intime, l'album rassemble divers bricolages enregistrés pendant ses années de formation, alors qu'il était encore étudiant aux Beaux-Arts et que ses héros ultimes s'appelaient Yasunao Tone (digital harsh noiser avant l'heure et éminent représentant du Fluxus canal japonais) ou John Cage. Ça alterne le très beau et le n'importe quoi et c'est très bien comme ça.