Vous avez eu ça dans votre famille, un vieil oncle anarcho-communiste qui vivait en solitaire au fond d'un bush australien et donc vous n'avez appris l'existence qu'après votre majorité, par hasard, en feuilletant un vieil album de photos oublié qui traînait dans le buffet du salon d'une tante récemment décédée ? Eh bien le popcorn, c'est un peu ça: un truc un peu fabuleux, qui s'est passé tout près de chez nous, mais dont on n'avait mystérieusement jamais entendu parler.

Belgian Popcorn s'intéresse donc à un moment préhistorique de la dance music peu connu qui s'appelait le Popcorn et dont on pourrait résumer le principe ainsi: d'obscurs morceaux soul, souvent considérés par les disquaires comme du "rebut", enchaînés et légèrement ralentis, à 33RPM+8% pour être parfaitement précis.

Le nom, qui n'a rien à voir avec le mégahit novelty de Gershon Kingsley, vient d'un club situé à Vrasene, au fin fond des Flandres, en Belgique, connu à l'époque pour être le premier "méga club" d'Europe. Nés tous les deux au tout début des années 70, le popcorn et le Popcorn sont évidemment les petits cousins du mouvement Northern Soul, né au nord de l'Angleterre et qu'on présente toujours comme le précurseur incontournable du disco. Et aussi peu connus qu'ils soient dans l'inconscient pop de 2014, le popcorn a participé - avec son plus fameux successeur, le new beat - à faire de la Belgique le centre du monde des musiques électroniques de danse jusqu'au milieu des 80, juste avant que les petits yeux des Européens ne se tournent vers l'Angeleterre. 

Alors non, il ne s'agit pas d'une resucée du très chouette docu The Sound Of Belgium, mais d'un survol d'un chapitre peu connu de la dance music, et l'occasion inéspérée de faire la connaissance de deux types fasicnants, Gilbert Goavert et Gerry, deux des pionniers du popcorn qu'on aurait bien aimé avoir comme Tontons excentriques le dimanche autour du gigot.