Il y a deux ans, j'étais invitée au salon de la jeune création au 104, qui est, en gros, un supermarché pour les collectionneurs d'art contemporain qui se déplacent pour investir dans les oeuvres des artistes qui seront bankables les années à venir et un bon moyen de se faire une idée de ce à quoi ressemblera l'art de l'avant-garde pour les autres. Parmi toutes les oeuvres exposées, deux bons tiers étaient clairement hors de mes champs de compréhension: des filles qui s'accrochent à des pilliers pendant 3 quarts d'heure, d'autres qui dansent autour de gobelets transparents remplis d'eau, des cailloux dans des boites posées par terre.
Parmi le tiers restant, deux, trois travaux étaient relativement compréhensibles, dont une installation: un vieux banc en pierre posé devant un mur sur lequel étaient projetés des films très courts de vues du haut de vieux bâtiments, en gros ce que vous pourriez voir depuis les remparts de la citadelle de Blaye, assis sur un vieux banc en pierre. Je n'ai aucune idée des raisons pour lesquelles c'est arrivé, toujours est-il que je me suis retrouvée aux bordes des larmes, assise sur le banc pourri, à regarder des faux vieux mini films sur des vues depuis les hauteurs de monuments historiques de province.
Cette introduction infiniment longue a un but, cher lecteur, et le voici: le nouveau clip d'Objekt pour le morceau "Second Witness", extrait de son premier album Flatland n'est pas très loin de produire les mêmes effets, pour tout un tas de raisons obscures absolument impossibles à identifier plus deux ou trois autres assez claires.
Réalisé par Objekt, Rachel Buehlmann, Nine Yamamoto et Joe Dilworth, le clip compile des images tournées sur film de films magnétiques suspendus, qui se déroulent, de miroirs brisés, et d'à peu près tout ce à quoi tu penses quand tu penses "beaux arts en 2014". "Second Witness", ressemble assez à de la techno démontée et remontée à l'envers, à une mutation étrange et sédatée de Unique 3, on en est pas à presque chialer, mais on n'est pas loin d'avoir envie de retrouver Objekt et ses copains en 2015, au 104, à tourner autour de gobelets en dansant sur de l'electronica.
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