crédit photos : arnaud contreras
C'est l'un des objets discographiques les moins identifiables de ce début 2017. Cheveu, les auto-proclamés ambassadeurs du shit-gazing à la française, sont partis dans le désert enregistrer un disque dans la maison de Doueh. Doueh, c'est le surnom de Baamir Selmou, un musicien de Dakhla, une ville entre mer et désert dans le grand Sud marocain. L'une des rares traces enregistrées de Groupe Doueh est un album sorti en 2007 chez Sublime Frequencies, Guitar Music From The Western Sahara. Doueh se produit dans des mariages et des fêtes religieuses mais s'était jusqu'ici toujours montré rétif à l'idée qu'on enregistre sa musique, soit celle d'un musicien fortement attaché à son identité et à sa tradition mais qui a connu son premier flash musical en tombant sur Jimi Hendrix.
Cheveu, eux, sont entre deux projets : leur troisième album Bum, paru en 2014 chez Born Bad et leur premier opéra, La Grande Montée, dont la première aura lieu à la fin du mois prochain au théâtre des Amandiers à Nanterre. Alors, quand Jacques Denis et José Kamal leur proposent ce projet, 10 jours à Dakhla pour enregistrer avec des musicens qu'ils ne connaissent pas et qui jouent de la musique dont ils ne maîtrisent pas les codes, ils hésitent, vont les voir jouer et finissent par accepter. Parce que quand on est capable de tout – et leur discographie va dans ce sens – il faut encore le prouver. On a rencontré Etienne et David, respectivement guitariste et chanteur de Cheveu, afin qu'ils nous en disent plus sur Doueh, l'enregistrement du disque et leurs intentions en partant à Dakhla. Pendant que David prépare le café, on lance la conversation sur la place des femmes dans la musique du Sahara...
David (chant, machines) : ... La config' se voit bien chez Doueh, quand ça joue tu vois l'importance que prend Halima en fond de scène...
Etienne (guitare, machines) : Et puis musicalement les femmes sont dans le groupe, elles sont autant que les mecs. En tout cas chez Doueh.
D : Quand tu regardes le rock français tu n'as que des mecs.
E : Enfin il y a quelques groupes de meufs pour faire plaisir à tout le monde, mais ça reste assez masculin. Là-bas, il y a plein de chanteuses, c'est vraiment dans la culture Sarahoui, c'est 50 /50.
D : C'est même pas nécessairement que des chanteuses d'ailleurs, tu as des meufs aux percus.
E : C'est aussi un truc familial, de tradition. Toute la famille a un statut de musicien, c'est un peu noble dans la société, c'est un lieu de passage chez lui, les gens vont et viennent, sa musique a un rôle important dans les cérémonies.
D'ailleurs, Groupe Doueh joue dans les mariages à l'origine non ? Leurs premières tapes sont des enregistrements de leurs performances là-bas ?
D : Oui et du coup tout reste hyper cérémonial. Tous ces morceaux sont des séquences de trucs de cérémonies. Tout a une importance énorme, ce qui pour nous était un peu délicat à gérer dans le projet, tu ne sais pas dans quelle mesure tu peux proposer de saucissoner un morceau. Dire ce riff là ok, mais le suivant non, alors que eux ils disent "non, non ça a un sens", pareil au niveau des paroles, c'était très compliqué de ne pas faire d'impair. Tout est plus ou moins religieux. Nous dans nos habitudes de rock, on a plutôt l'habitude de dire des trucs cons et irrévérencieux. Là, il fallait faire hyper attention. C'était une espèce de gros paramètre.
David, Dans une interview pour The Drone à la sortie de 1000, tu racontais que tes premières expériences de chant remontent aux chorales paroissiales dont tu faisais partie enfant. Tu vois une correspondance avec cet aspect religieux et traditionnel de la musique de Doueh ?
D : Pas exactement non. Le truc dans ces vieilles mélodies c'est qu'il y a une espèce d'évidence, de truc sacré à l'oreille. Mais on est quand même très loin culturellement. Les gars ne parlent même pas arabe mais Hassani, tu as vraiment une impression d'exostime radical. La ville dans laquelle on était, Dakhla, c'est une ville qui s'est développée à toute allure pour des raisons politiques et industrielles, touristiques aussi. Les mecs chez qui t'es sont sédentarisés depuis hyper pas longtemps.
E : Une génération en fait. Depuis l'occupation marocaine qui a dessiné des frontières qui font qu'il ne peuvent plus se déplacer à leur guise. Halima, la femme de Doueh, est née sous une tente dans une famille de nomades qui traçaient dans le désert. C'est autre chose.
Quand on lit le texte de Jacques Denis sur le site de Born Bad qui retrace la genèse et la construction de l'album, on a l'impression que vous n'étiez pas super partants au moment du premier contact.
E : Disons que l'on a tout de suite compris que ça n'allait pas être un projet si évident. On a été les voir jouer à l'Institut du Monde Arabe et ce truc qui sort de nulle part, l'exotisme que ça t'envoie... On était hyper intéressés par l'aspect traditionnel chez eux. Au premier abord, quand Doueh faisait des trucs plus contemporains avec de la guitare électrique, on était moins intéressés. On était plus attirés par tous ces trucs de percus avec des tasses de thés, les arrangements de taré qu'ils mettaient sur leur musique traditionnelle...
D : Quand on l'a vu à l'institut de Monde Arabe, moi ce qui m'avait frappé c'était le côté Casio bien pérave. Ils lançaient des grosses boites à rythmes en plein milieu de morceaux, je trouvais que c'était assez punk.
E : Genre je m'en branle, je balance un truc.
D : Le son était hyper chaotique.
Proche de vous en fait.
D : Voilà. Je sais pas si tu as déjà été à L'Institut du Monde Arabe, on était posés dans leurs énormes fauteuils en cuir, genre réunion de l'OPEP, et ce truc déroulait, hyper chaotique, on était à la fois désarçonnés par le lieu et par leur musique. Et on ne se sentait pas vraiment à notre place dans ce circuit un peu officiel, un peu musique world dans lequel on n'est pas vraiment spontanément à l'aise.
E : Pendant le concert on se posait déjà des questions : comment on va faire pour affronter le truc de jouer de la musique avec eux, comment on va réussir à en sortir quelque chose. Quand on les voit sur scène on sent que c'est pas gagné.
D : Et ça s'est un peu confirmé par la suite. Le truc qui aurait été facile c'est de faire le truc traditionnel, on pourrait dire "d'aventure" où tu invites un musicien qui met un peu de couleur, de sable dans ton morceau.
E : Le truc à la con. Le truc "world" (air légèrement dégouté, ndr)
D : Là, le fait que ce soit un groupe face à un autre groupe et que chacun campe vraiment sur ses positions, ça a été vraiment rude.
La comparaison avec l'album Talking Timbutu d'Ali Farka Touré et Ry Cooder vous semble pertinente ? Se confronter pour finalement appuyer les similitudes, eux les structures blues et musique malienne, vous l'énergie punk et chaotique ?
D : J'aurais tendance à dire que non. Si tu prends cet album tu vois que les gars ont une volonté commune à aller chercher les racines du bordel, se dire ok en fait on est sur la même longueur d'onde, on a les mêmes influences, les mêmes bases musicales, du coup retrouvons-les et faisons un truc. Sans compter que ce sont juste deux personnes qui se regardent. Nous on était quatre d'un côté, trois de l'autre. Ce n'est pas du tout le même exercice. Deux groupes, l'un qui joue du rock, l'autre qui joue de la musique saharienne.
E : Aussi, un groupe qui compose, et l'autre qui joue et réadapte des thèmes qui appartiennent à sa tradition. Eux en fait ils n'ont jamais composé de titres. Ils sont plus dans l'arrangement d'un répertoire. Nous on propose que des choses neuves, écrites et composées par nous.
D : Quand tu écoutes le disque il y a quelques moments de mélange, de rencontre, d'écoute, des instants un peu magiquement flous. Mais tout ça me donne surtout l'impression de couches superposées de gens qui jouent chacun sur leur registre et avec ce truc hyper bizarre que des deux côtés les groupes n'ont pas renoncé à ce qu'ils voulaient faire, ça donne un truc étrange, pas vraiment fusionnel.
E : Même si dans le premier temps de la confrontation entre nos deux univers, c'est plus eux qui sont venus vers nous. On était un peu flippés d'aller sur leur terrain avec leurs rythmes à contre-temps. Nous on est plus sur des trucs rocks, binaires, à la limite ternaires mais pas plus. C'est eux qui se sont vraiment mis sur nos morceaux, en chantant par-dessus des trucs de leur répertoire de tradition, ce qui était assez fou. En fait ils arrangeaient nos morceaux avec leurs trucs.
D : Ils étaient là, "Ah ouais il est bien ton morceau ! Je vais chanter mon morceau par-dessus". (rires). C'était comme ça tout le temps. Pas juste je vais te mettre la voix dessus d'ailleurs, plutôt je mets la voix, tout le monde suit et ça fait un nouveau truc. Du coup le rendu est hyper riche, dense, plein de propositions, parfois presque trop.
Les sessions n'ont duré que 10 jours, c'est ça ?
E : 10 jours à Dakhla oui, puis un bref passage dans un studio de Casablanca mais il ne s'y est rien passé.
D : On était usés.
Comment s'est déroulée la chronologie des enregistrements ? Combien de temps de confrontation, de jam, d'incompréhension ?
E : On s'est mis à jouer direct. Doueh dans une interview a dit qu'il aurait peut-être préféré qu'on discute et qu'on boive du thé tous ensemble pendant 2-3 jours avant de jouer. Mais on a été au charbon tout de suite. Du coup c'était un peu violent. On est arrivé avec nos trucs et on a commencé à jouer.
D : Là-bas c'est un peu comme au Japon, il faut créer l'ambiance, créer les conditions pour que tu puisses te mettre à bosser. Nous on était stressés, notamment JB (le patron de Born Bad, ndr) qui passait son temps à nous dire "les gars on a 10 jours, moi il me faut un disque à la fin !". Il y avait un vrai enjeu. On ne pouvait pas ne rien sortir. Beaucoup de pression, ce qui ne fait pas partie du tout de notre processus d'écriture habituel.
E : Un truc qui nous a rapidement mis en confiance c'est un morceau où nous on part sur un rythme ternaire, quasi valse à 3 temps, eux partent sur un truc psyché. Il y a très peu de montage sur ce morceau. C'est le premier truc qui a lancé ce disque.
D : Un autre facteur à prendre en compte, c'est qu'ils vivent vachement en fonction du soleil. Tu peux aller les voir le matin, vers 11h-midi, pour dire bonjour. Mais personne ne commence à bosser avant 18h.
J'ai lu que l'un des moments charnières, c'est la soirée où vous avez joué vos morceaux au Groupe Doueh.
E : Oui, au début on s'est précipité. On s'est stressé, et au bout de 2-3 jours on ne savait plus quoi faire, on était un peu en panique. Et là on est revenus sur un truc un peu plus poli : si on présentait nos univers respectifs, chacun face à l'autre. Et ça on l'a fait en milieu de séjour alors qu'on aurait dû commencer par ça ! (rires)
D : On a joué de l'énorme rock de bourrins, au début ils étaient hyper sceptiques, mais à la fin tout le monde dansait, collait des billet sur la tête d'Étienne…
Des billets ?
D : Oui, ils ont l'habitude de jouer dans des cérémonies de mariage au cours desquelles la musique dicte toutes les étapes, elle prend en quelque sorte la place du curé. C'est elle qui guide le cérémonial. Et ça fait partie du mode opératoire que tous les gens qui assistent à la cérémonie viennent larguer des tonnes de billets sur les musiciens. Ils ont même dans leur costume de scène une poche ventrale, comme les kangourous, une poche spéciale biftons. Donc quand ils trouvent que tu joues bien ils t'envoient des billets à la gueule. Si à la fin de la répéte tu n'as aucun billet c'est que tu as été mauvais !
Au fur et à mesure des sessions, quels sont les points communs qui sont le plus ressortis entre Cheveu et Doueh ?
E : Y aller. Jouer fort. Le truc punk en fait.
D : Eux en fait l'enjeu c'est quand même de jouer plus fort que le groupe électrogène !
David, comment tu t'es inséré dans le processus ? Chanter, sur d'autres thèmes, dans une autre langue, ça a dû être compliqué non ?
D : Oui, effectivement. Au début on se regardait vraiment en chiens de faïence. Groupe Doueh jouait assis, nous debout, comme dans une salle de rock. Eux sont dans une logique où tout le monde joue ensemble et tu fais tourner des solos, un peu comme en jazz. Ils se balancent la parole d'un coup d'oeil, à tour de rôle. Et pour le coup, quand ça tombait sur moi j'étais paralysé. Ils jouaient un truc auquel je ne comprenais absolument rien, ni mélodiquent ni rythmiquement. Je passais mon tour en baissant la tête. Déjà parce qu'ils chantent hyper bien, ensuite parce qu'ils chantent des trucs intemporels, des textes sur lesquels il n'y a pas un milligramme de doute, qui incarnent toute leur culture. Ils en sont fiers, ils les chantent le plus fort possible. Et quand tu te retrouves face à une telle assurance et que tu veux tenter un truc en mode répéte tu le bafouilles. Du coup j'ai pas mal bossé en revenant, sur l'enregistrement, en ajoutant des voix là où il n'y en avait pas. L'essentiel est venu après.
Tu t'es mis des barrières dans les textes que tu as écrit ensuite ?
D : Les premières barrières, c'était sur place. On essayait de comprendre là où il fallait faire gaffe. Ce sont des textes en hassani ancien, super éthérés et poétiques. Ce sont des textes sacrés qui appartiennent à de très vieilles traditions. Les gars te disent : "ce morceau est particulièrement vieux, il date d'avant le prophète". Du coup t'es obligé de chercher une nouvelle direction, qui ne soit pas dans la provoc'. Tu essaies de faire un mariage heureux. Pour une fois on est pas juste au service de nous-mêmes mais d'une association, tu essaies de sentir le truc un peu différemment. Mais globalement j'ai un peu essayé de renoncer à la provoc' au profit de l'air local, raconter ce qu'il s'en dégageait, par exemple à travers des anecdotes.
E : Oui, les portables là…
D : Une fois à la fin de la répéte je vois Halima qui se frotte avec son portable et je me dis putain c'est hyper bizarre. Du coup je vais voir et il y avait la photo d'un vieil homme en turban affichée sur l'écran de son téléphone. Je lui demande qui c'est, elle me dit que c'est un quasi-saint mauritanien qui vient de mourir. Il semblerait que si tu te passes sa photo sur le corps tu es sanctifié, au moins pour un moment. Il y a d'autres trucs comme ça, par exemple quand tu arrives Doueh te fait essayer tous ses parfums, bon gré malgré. Je peux te dire que tu sens pas bon après. Bref, ça a donné le texte d'un autre morceau.
C'est assez drôle de relire votre interview pour Gonzaï au moment de la sortie de Bum où vous dites compter enregistrer votre prochain album en Jamaïque et que vous vous retrouviez finalement dans le grand Sud Marocain. Il n'y avait vraiment aucune part de calcul ?
E : Non, c'était vraiment une proposition, de Jacques Denis et Born Bad, ce n'était absolument pas calculé de notre part.
D : Tout ce qu'on fait dernièrement arrive comme ça en fait. C'est des trucs qui se font un peu par surprise. Mais on se dit que quand on arrête pas de te faire des propositions un peu borderlines c'est que t'es en mesure de les accepter. Un truc d'identité. Les gros coups de volant dans le parcours, c'est hyper marrant.
Un peu comme les arrangements de cordes de Maya Dunietz sur 1000 et les choeurs de Bum ?
D : Ouais, c'est marrant de se laisser surprendre. On nous a souvent proposé des projets impossibles qui ne se sont pas fait, le genre de choses qui ont une chance sur 50 de voir le jour.
E : Ce qui est marrant c'est que sur les précédents disques on était vraiment enfermés à Mains d'Oeuvres à créer de la musique, sur une espèce de fantasme de voyage, enfermés au fin fond de notre cave. Un truc à la Douanier Rousseau. Et là se retrouver dans le désert avec ces mecs, pour de vrai, c'est assez déstabilisant.
C'est une volonté de votre part, d'hybrider votre musique avec des compostieurs venus d'autres horizons, qu'ils soient musicaux ou géographiques ?
E : Les arrangement de Maya c'était simplement sur la foi d'une tournée en Israel. Au début tu peux avoir un peu peur de perdre ton identité mais à chaque fois qu'on avance on se rend compte qu'on ne perd pas le "son Cheveu".
Donc pas de démarche consciente.
D : Je pense que si on essayait d'intellectualiser le truc en disant "oui on est des artistes sonores contemporain de la déconstruction du merdier" ça marcherait pas. C'est assez branleur en fait comme démarche. On travaille beaucoup, sur Bum il y a 50 versions de chaque morceau, mais par contre ce n'est pas intellectualisé. Le truc c'est que quand quelque chose paraît trop évident, on y renonce.
Dans la techno c'est une démarche qui a beaucoup eu cours, partir en Afrique ou au Moyen-Orient pour enregistrer avec des gens de là-bas, avec souvent l'idée, en fond, d'une espèce de retour aux racines. C'est une démarche à laquelle vous vous identifiez ?
E : Non, ça ne nous a pas été proposé comme ça. C'est une collaboration entre deux groupes, rien de plus.
D : On est vraiment pas dans un truc de fascination pour un hypothétique retour aux sources ou ce genre de branlette. Il faut faire attention parce que c'est la voie de la condescendance ce genre de truc, prendre un groupe qui incarnerait tout un continent... Il y a bien un côté traditionnel, quelque chose de l'ordre de la transmission dans leur musique, mais Doueh c'est avant tout un gros rocker, Halima chante trop bien, leur clavier est incroyable… C'est les musiciens qui nous intéressent, pas ce qu'ils pourraient représenter.
Comment s'est passé votre premier concert, à Rabah ?
E : On a voulu partir sur un schéma classique, ça n'a pas marché : le format pop, répéter un morceau et le jouer à l'identique ça n'intéresse pas du tout Groupe Doueh. Leurs morceaux n'ont pas de début et pas de fin, ce qui finalement nous correspond très bien, cette espèce d'incertitude.
D : Ça installe une atmosphère intéressante, proche d'une forme de transe collective. C'est d'ailleurs un peu délicat, un peu en décalage. Personne ne boit d'alcool ou ne fume de pétard, mais ils trouvent ces états seconds, altérés, à travers la musique.
E : Ce truc de transe collective que tu ne retrouves finalement dans la musique occidentale que depuis récemment, disons 1970, pour eux ça remonte à très longtemps.
A la réécoute, vous trouvez que le disque s'inscrit bien dans votre discographie ?
D : C'est ce que dit JB en tout cas. Que c'est le disque qu'il nous fallait à ce moment là, cet espèce de pas de côté. Et je suis complètement d'accord avec lui. On a un double discours : on peut le voir comme un des exercices obligés du groupe de rock, après le disque symphonique avec 1000, le disque exotique, le truc complètement kitsch. Mais l'objet final ne ressemble pas du tout à l'idée kitsch genre "tu vas mettre des darboukas sur son prochain album ". C'est suffisamment bizarre pour que ça colle dans la succession des disques. D'ailleurs paradoxalement c'est la première fois qu'on va avoir des trucs sur France Inter. C'est ironique, à chaque fois on s'applique pendant des mois et là on est dans le désert avec des inconnus pendant 10 jours et boum, on se retrouve sur ces gros médias-là.
En parlant de disque symphonique, votre prochain projet c'est un opéra sur le coureur cycliste Marco Pantani. Pourquoi lui ?
D : Oui, La Grande Montée. Pantani c'est parce que c'est une espèce de beautiful loser du sport populaire et il y avait une espèce de truc "pas à sa place" de se dire qu'on allait faire un opéra, qui est censé incarner le nec plus ultra de la classe et du truc archi sophistiqué, sur ce mec-là. Et quand tu creuses un peu la vie du gars, c'est un roman. Il a fini comme une merde d'une overdose probablement crapuleuse dans une chambre d'hôtel, il était sous influence, constamment entouré gens mal-intentionnés, de docteur marrons... Et c'est là-dessus qu'on a décidé de se concentrer, sur la façon dont son entourage complote autour de lui.
E : Tout ça après avoir connu la gloire, et avoir été quasiment l'équivalent italien de Zidane. Un parcours incroyable.
D : C'est un truc sur lequel on bosse depuis 3 ans, qui nous a été un peu amené sur un plateau par Olga Rozenblum, qui a produit le clip de "Polonia". Et dans la continuité de ça, des institutions lui ont proposé de faire un spectacle total entre musique et vidéo.
E : On écrit la musique et le livret, et Maya Dunietz a arrangé notre musique pour qu'elle puisse s'adapter à du chant lyrique.
D : Ca va être énorme. On sera 60 sur scène. On a hâte.
L'album de Cheveu et Groupe Doueh sort le 4 février sur Born Bad Records. L'opéra de Cheveu prendra place au Théâtre des Amandiers à Nanterre le 24 février. Toutes les infos sont disponibles ici.
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