C'est un particularisme culturel de nos cousins d'Albion qu'à l'instar de la clotted cream ou du 2-Step Garage, on ne se lassera jamais d'admirer: leur passion sans cesse renouvelée pour les sorcières, les vieilles pierres magiques, les soucoupes volantes et les sounds effects totalement lunaires de leurs vieilles émission de téloche. Bien plus qu'une mode ou une passade rétromaniaques parmi les dizaines qui agitent ponctuellement l'underground musical du pays, cette obsession/tradition largement mécomprise chez nous a pourtant donné des myriades des grands disques depuis la fin des années 60 (coucou Donovan) et, plus récemment, des dizaines de groupes très beaux qu'on comprend très bien en France: Pram, Magnetophone, Broadcast, EAR/Sonic Boom, Demdike Stare, Mike Ratledge, la bande Ghost Box / Café Kaput / Devon FolkloreTapes, The Emperor Machine, Jonny Trunk...
Et puis tout au bout du wagon, il y a les dingos avec des entonnoirs sur les têtes, qui entretiennent leur monomanie et empilent les synthés à réparer comme on nourrit sa folie: sans mesure, tous les jours, loin des yeux du grand public.
Ainsi l'immigré américain Man from Uranus, frankenstein légèrement valétudinaire de Jean-Jacques Perrey, Eugene Chadbourne et Delia Derbyshire, livre régulièrement depuis Cambridge où il s'est installé à un moment indéterminé de l'histoire récente d'étranges missives de "psychédélia moogstatique", le plus souvent accompagné d'âmes soeurs plus ou moins sensées: Broadcast bien sûr, Jon Brooks de The Advisory Circle, les krautrockers belges de The Loved Drones ou, pour ce qui concerne le bien nommé Rock With Electronics qu'on vous propose d'écouter aujourd'hui, Ben Kingsbury et Simon Doozer du groupe weirdo pop The Doozer.
Enregistrée directement sur cassette VHS (c'est pas mal chic), cette session façon garage évidemment inspirée par les disques les plus dingos de la grande époque de la novelty music (le tango avec du moog, le schlager avec une scie musicale, les Beatles avec un tuba) alterne des explosions de jangle rock hirsute et volontiers désaccordé avec des miniatures space exotica branlantes mais absolument charmantes. Imaginez donc, si c'est dans vos cordes, des standards d'Esquivel joués par des seconds couteaux de K Records, et vous aurez une idée à peu près crédible du space psychédélisme très particulier qui s'entend sur ce disque très bizarre. Tombés amoureux de la discographie un peu démente du Monsieur, les gens de Freaksville Records ont en tout cas entamé une vaste (?) opération de réhabiliation de son oeuvre.Tout ce qui n'est pas écoutable et téléchargeable gratuitement sur le site de son label Outermusic l'est donc désomrais sur le Bandcamp du label bruxellois , et plus si affinités.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.