En une seule écoute distraite, ce morceau a réussi à me faire comprendre ce qui manque à la musique souvent excellente de The Men: l'idiotie.
C'est dommage, parce que c'est une vertu certes complexe à invoquer mais surtout très précieuse pour le rock, l'idiotie. A y réfléchir hâtivement, je me demande même si elle n'est pas constitutionnellement indispensable, ne serait-ce qu'en quantité infinitésimale, à toutes les musiques du monde, et si ce n'est pas elle qui fait précisément la différence entre les groupes désirables au moment où ils sont désirables et les groupes qui nous laissent de marbre au moment où ils nous laissent de marbre.
Bref, l'idiotie dans la musique en général et la pop en particulier est un sujet évidemment trop complexe pour être abordé intelligemment dans une notule Internet dont on envisage qu'elle ne nécessitera pas plus de 3 minutes au lecteur de passage pour être déchiffrée, mais il se trouve que Nick Chiericozzi et Mark Perro, respectivement pilier avant gauche et pilier arrière droit de The Men, donc, ont nommé leur side-project en référence non pas à une nouvelle de Philip K. Dick mais au plus fameux des albums des plus fameux idiots du rock US, j'ai nommé Cheap Trick.
Alors certes, le dit side-project était jusqu'ici dévolu à l'expérimentation dronesque semi électronique très smart et éduquée (cf. cet artwork en forme de clin d'oeil à Zuckerzeit de Cluster), prête à l'emploi pour les labels cassettes et les concerts impromptus dans les caves de Brooklyn. Mais sur ce premier titre de son premier album à paraître en novembre sur Sacred Bones, le duo embrasse pour ainsi dire son destin et nous pond enfin une bêtise digne de son blaze. Muni d'une boîte à rythmes, d'instruments à manches et de très gros amplis, Dream Police s'adonne sans réfléchir une seconde à un bon vieux boogie noisy des familles, avec moults enluminures de Les Paul aux entournures, dont on se forcera à dire qu'il ressemble à du Suicide ou du Spacemen 3 (il y a un rapport, et pas des moindres) pour briller en société mais dont on sait, au fond, que son principal attrait est de ressembler à du rock de routier.
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