L'Occident s'en fout de sa pomme depuis le début des années 2000 mais le fait n'a pas changé depuis qu'il y a débarqué en fanfare avec Fantasma, en 1997: Cornelius est l'un des dix ou douze fouilleurs les plus importants de la pop moderne. La faute à une lubie formelle un peu anachronique à l'heure de la flaque de reverb' généralisée (chaque son à sa place, au micromètre cube près), Keigo Oyamada a quitté les radars des médias indie pop de nos pays et perdu son label américain (Matador) au fur et à mesure qu'il affinait sa formule magique loin de Beck et des clichés occidentophiles du mouvement Shibuya Kei et c'est bien dommage pour nous, le public, parce que ça fait ses disques à 35 boules sur Amazon.
Bon il cherche un peu les ennuis aussi: son dernier vrai album en date, il l'a fait en loucedé pour Salyu, une chanteuse à frange énervante. Et je ne jetterais la pierre à personne de zapper volontairement la b.o. d'une émission sur le design pour les enfants sur la télévision nationale japonaise. Et pourtant. Si ce disque sortait sur Raster-Noton (et il pourrait), tout le monde en parlerait.
En 25 miniatures, quelques mots et quelques (très beaux) sons, le Japonais fait le tour de la pop formaliste, et pour ainsi dire, lui règle son compte une bonne fois pour toute. Véritable paradis des jeux de delay et des variations autour de la gamme majeure, le disque déploie et empile harpes, handclaps et jolis brins de voix (dont celle de Takako Minekawa, pop-songwriteuse absurdiste formidable qu'on entend beaucoup moins chanter depuis qu'elle a épousé Oyamada) comme on joue au Jenga.
Ça peut avoir l'air pas très important, comme ça, mais NHK Design Ah est d'ores et déjà le disque conceptuel le plus adorable que vous pourrez écouter cette année.
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