"Parfois, la techno pure et dure me court sur les nerfs" : de la part de Dimitri Hegemann, fondateur des mythiques label et club Tresor, la remarque a de quoi laisser pantois. C'est pourtant ainsi que le principal importateur historique de la révolution sonique de Détroit dans la capitale allemande nous explique ce qui l'a poussé à faire renaître de ses cendres l'Atonal, festival qu'il avait monté dans les années 80 afin d'accueillir le gratin du rock subversif et volontairement bancal de la décennie, la scène locale des dilettantes géniaux et les pontifes de l'industrielle britannique.
Avant de continuer : "C'est devenu trop populaire. On en entend partout, dans les taxis et les épiceries, alors qu'à mon sens c'est avant tout une musique liée à la fête. J'aime l'art plus radical, les performances transversales et les sonorités moins fonctionnelles." C'est dire si le promoteur visionnaire a senti qu'il avait encore un coup à jouer alors que les cartes de la hype étaient rebattues à la table de la dance music, quand a explosé la techno actuelle phagocytée par l'indus et la noise, et qui entend bien concilier aspirations dancefloor et immersions cérébrales. Pour sa quatrième édition, la grande kermesse expérimentale et noire ne fatigue pas et propose comme à l'accoutumée une kyrielle de rencontres audacieuses entre des musiciens et plasticiens aventureux, de lives audiovisuels inédits, de DJ-sers exigeants et déviants (Veronica Vasicka, DJ Sotofett, Resom...), et de concerts des fers de lance de la musique électronique d'aujourd'hui (Ron Morelli, Raime, Lena Willikens...) comme d'artistes moins connus. Pour vous aider à vous repérer dans cette programmation pléthorique, on vous a fait une sélection subjective de shows à ne pas manquer.
Death in Vegas et Sasha Grey présentent "Transmissions" (avant- première) : On a toujours eu un faible pour l'enfant terrible de la musique électronique anglaise, on ne peut que s'enthousiasmer pour son come-back inspiré. Dans un retour aux sources industrielles salvateur, il ressuscite les ombres du duo Chris Carter et Cosey Fanni Tutti en compagnie de l’actrice performeuse Sasha Grey.
NK Projekt : La salle expérimentale du quartier de Neukölln a été conviée à mitonner trois jours de programmation dans le petit bar carré et bétonné du Kraftwerk, le OHM. En marge des nombreuses têtes d'affiche, c'est l'occasion de (re)découvrir une tripotée de musiciens plus ou moins obscurs, pour la plupart locaux, aux pratiques situées aux confins de la musique, de la performance artistique et de la technologie. On vous conseille surtout le live qui s'annonce explosif du duo tokyoïte-londonien-berlinois group A (à n'en pas douter l'une des fulgurances de notre festival d'été à la Station), entre déflagrations de rage indus/post-punk/no wave et réjouissante cérémonie païenne.
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