Si l'on y tenait vraiment, on pourrait séparer les innombrables disques de Luke Vibert en deux catégories: les légers colorés et les anxieux gris pastel. Évidemment, la séparation ne tient plus des qu'on se met à gratter les pigments à la surface - il y a de l'anxiété dans les couleurs vives et de la joie à trouver dans les couleurs passées - mais elle aide un peu à s'y retrouver.
Ainsi s'il fallait classer ce nouveau Ridmik qui paraît sur Hypercolour (plus un label de dance qu'un label d'IDM, c'est à préciser), on le rangerait sans hésiter à l'extrême droite de la deuxième classe, là où tout finit. Dégraissé de tout sample, de tout Rhodes et de toute harangue de Dictée magique, c'est même le disque le plus nocturne, voire funèbre de son auteur à ce jour. Pas que l'album soit dénué de funk et de bêtises, pas que les beats de 808 ou les courbes acides soient moins guillerets et gras que d'habitude, mais les paysages qu'ils bâtissent y sont étonnamment dépeuplés, les histoires qu'ils racontent étrangement oppressantes. Ce n'est sans doute pas par hasard que le premier morceau que le label propose à en écouter s'appelle "Stabs of Regret".
Pour n'importe autre auteur de la musique électronique, on aurait parlé de sobriété. Pour Vibert l'éternal ado bouffeurs de grooves des Cornouailles, on soupçonnerait presque l'événement existentiel. Plus radical que Yoseph, plus frontalement caustique que les trucs d'Ace of Clubs, Ridmik annonce en tout cas une amorce upture dans la carrière du Britannique, un peu comparable à celle enclenchée par la série des Analords pour son vieux compadre cornouaillais Aphex Twin. Il va sans dire en outre que le truc est indispensable.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.