Dans mon souvenir, Jonas Reinhardt c'était de la musique fond d'écran, des pochettes presque invisibles, l'arrière-fond paisible du revival hipster synth. Ses deux premiers disques sont sortis sur Kranky, label spécialisé en beaux déserts et c'était très logique. C'était nerd et raisonnable. J'avais dû mal écouter.
La débauche d'effets, de pistes et d'instruments employés dans son nouveau Mask of the Maker évoque plutôt ces blockbusters rutilants qui ont mis bien le revival kosmische / Jean-Michel Jarre chez les fans de Justice et Daft Punk, l'Elemental Themes de Chrome Canyon (évoqué dans nos pages avec une émotion mêlée de circonspection) ou l'étrange et très lipidique Narcissus du duo suédois Pacific!.
Enregistré dans un gros studio avec des petites loupiottes qui clignotent sur les murs, des choristes blacks, les tambours du Bronx et un gros cénacles de potes collectionneurs de synthés (Clint Newsom de Fall Of Deaf Ears, Damon Palermo de Mi Ami, Steve Moore, Phil Manley de Trans Am), le disque s'autorise sans rougir tous les détours (italo disco, pinkfloyderies à soli, guitare 12 cordes) mais curieusement tout passe. On remercie une nouvelle fois les djinns qui habitent dans les vieux synthés, décidément capables de tout transformer - progressions poussives, bas instincts, vils excès - en miel d'or pour les oreilles.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.