Pour une fois, osons-l'adjectif: on a affaire ici à un objet discographique réellement, proprement culte, dans le sens où il est effectivement sorti en cati-cati-catimini en cassette et CD-R sur une toute petite plateforme, et qu'il a acquis sa réputation par la confrontation d'expériences intimes par le bouche-à-oreille - virtuel via les forums, les webzines et les réseaux et littéral autour de tables basses couvertes de cadavres de Carlsberg et de paquets de chips éventrés.
La meilleure preuve en est la raison intime derrière cette réédition: Damien Besançon, auguste A&R du label Laitdbac, semble réaliser un rêve d'enfance en le ressortant aujourd'hui en LP. Histoire de mieux comprendre l'étrange pouvoir ensorcelant de cet album secrètement ourdi par le droneur / noiser / ambianceur français High Wolf pour son label Winged Sun (avouons de notre côté qu'on était passés à côté), on lui a demandé de nous l'expliquer:
"J'écoute cet album en boucle depuis le 5/2/2011 (je viens de retrouver la date de téléchargement dans mes archives mail, je ne suis pas control-freak à ce point) et ce grâce à mon ami Dom Tr. (aujourd'hui à la tête du label Fin de Siècle) qui l'avait chroniqué sur son webzine Substance-M (qui s'est perdu dans le deep web, depuis). Je ne savais rien de High Wolf à l'époque et j'ai d'abord été fasciné par ce portrait d'Ornette Coleman sur fond jaune (que j'ai plusieurs fois imaginé reproduit en 30x30 cm), puis par cette musique qui me rappelait par certains aspects le rap expérimental à la Thavius Beck et Subtitle qui m'a traumatisé il y a dix ans, mais qui était encore plus radicale et plus ouverte que ça. J'ai mis deux ans avant de contacter High Wolf pour lui proposer une édition vinyle. Je lui ai dit que je voulais le sortir tel quel, sous le même titre et avec la même cover - il a dit oui tout de suite. J'ai juste dû insister un peu pour garder les trois bonus beats qui n'étaient pas sur la version K7, lui n'était pas convaincu - j'ai réécouté et je me suis rendu compte que c'était ce que je préférais sur l'album... Il s'avère que j'ai découvert il y a très peu de temps que c'est une sorte d'album culte pour pas mal de gens d'horizons différents - on m'a traité de fétichiste quand j'ai annoncé que je ressortais ça en vinyl et je prends évidemment ça comme un compliment".
Complimentons-on donc Damien de concert pour avoir écouté son coeur et chantons les louanges de cet objet discographique tel qu'il nous arrive aujourd'hui: un LP épais décoré des mines déifiées d'Ornette Coleman et Sun Ra, et creusé de sillons remplis de drone synthé loopé spliffé augmenté tout du long d'une étrange voix d'outre-monde qui fait presque ressembler le paysage à du rap. Même aujourd'hui, au milieu du premiers tiers du mois de Juillet, c'est honnêtement immanquable.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.