Le truc risque de devenir un adage si le label d'Aïsha Devi continue à chercher des noises à l'Empire techno: "nouvelle signature chez Danse Noire, nouvel OVNI sur les étagères du disquaire". Découvert sur le très zarbi label italien Gang of Ducks, le Milanais Haf Haf (aparté petit plaisir du rédacteur: tous ceux qui ont vu le dernier Podalydès, Comme un avion, ne manqueront pas de se remémorer à la lecture du mot "milanais" cette scène formdiable où Michel trébuche après avoir fait une mauvaise blague à Mila sur les escalopes milanaises) fait un sort sadique, à la limite de la cruauté aux divers avatars de la bass music de ces dernières années, et rejoint automatiquement les autres mavericks repérés par Devi sur l'autel d'une nouvelle musique rituelle pour le siècle qui débute.
La bio officielle de l'Italien incrimine un destin tiraillé entre "une thèse de physique complètement incompréhensible" et "son travail alimentaire de concierge dans un HLM" mais on s'intéresse surtout à la manière assez dérangeante dont ce tiraillement s'exprime par le prisme Taylor Swift - le lecteur renseigné très au fait de ses interactions hypocrites avec Apple Music n'est en effet pas sans ignorer que la starlette a déposé l'expression "This sick beat", qui donne son nom à ce maxi, comme une marque.
Que risque-t-il de se passer effectivement pour Haf Haf et Danse Noire si l'existence de ce maxi remonte jusqu'aux oreilles des avocats de l'Américaine? Devront-ils payer des droits au petit empire qu'elle dirige et à son label? On en sait rien mais on ne résiste pas à l'opportunité de citer cette phrase un peu démente de sa bio qui en dit long sur la petite pulsion de mort, forcément gorgée des tristes faits de l'actualité récente de son pays, qui électrise la musique de Haf Haf: "D'une certaine manière, Haf Haf est le dernière recours pour tous ceux qui ont été oublié par un état condamné à la deliquescence par des années d'austérité néolibérale". CQFD, comme on dit, car il ne peut pas ne pas y avoir de lien entre les remous très anxiogènes que traversent présentement les pays les plus sévèrement acculés par l'austérité et les sévices passionnants que les musiciens de leurs souterrains font subir aux formes établies et normées de la musique majoritaire.
Avis aux amateurs de Danse Noire et d'austérité, Aïsha Devi sera de passage aux Siestes Electroniques de Paris au Musée du Quai Branly ce dimanche 5 juillet.
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