Avis aux amateurs, Stephen Bishop a décidé de vendre ce nouveau Visa Prick au peuple en faisant la moue, en ne l'éditant qu'à 50 exemplaires avec un gros disclaimer collé dessus: "A bunch of shitty dance tracks" ("une ribambelle de morceaux dansants un peu merdiques").

Ce qui signifie que l'auditeur intrigué et éventuellement admirateur des oeuvres passées de Basic House doit décider lui-même de la qualité des "morceaux un peu merdiques" en question, et outrepasser le reniement étrange et pour le moins ambivalent de Bishop, seul et unique musicien actif derrière le blaze Basic House et, faut-il le rappeler, seul maître à bord d'Opal Tapes que personne n'obligeait bien sûr à terminer, éditer, sortir (même en édition très limitée) et finalement commercialiser ce disque.

Vous conseille-t-on chez The Drone de vous le procurer malgré tout? La réponse est oui, doublement oui.

Pour la musique sur le disque d'abord, assemblage effectivement inégal de techno au deuxième degré, forcément bruitiste, tribale et trippée qui ne présente pas la même force esthétique que son grandiose Oats de l'an passé (qu'on avait adoré) mais qui s'écoute tout du long avec stupeur et intérêt; pour la revendication qui s'exprime derrière la grimace de diva, ensuite, véritable plaidoyer pour le droit des musiciens à mener leur carrière commes ils l'entendent, par exemple en ne cédant pas systématiquement aux diktats de marketing présence médiatique qu'impose le business de la dance depuis l'avènement de Beatport et des concurrents ou en publiant sans faire des vagues des disques qu'ils considèrent eux-mêmes mineurs. C'est bien entendu toute la raison d'être d'Opal Tapes depuis 2012: publier ce qui bon semble à Bishop, au gré des humeurs et des coups de coeur, sans la moindre limitation de format, de genre ou de hype. Y compris ses propres "morceaux dansants un peu merdiques".

VISA Prick est d'ores et déjà épuisé en physique mais disponible en digital sur Bandcamp.