Être fan d'un artiste, ça peut rendre bêtasson. Ça fait baisser l'exigence critique, ça fait comparer des bienfaits divers de différentes versions demo, porter des t-shirts moches, parfois même écrire des livres idiots. Mais ça permet aussi de baisser sa garde, d'adoucir sa fibre snobinarde, de rentrer un peu plus vite en empathie avec un disque et avec les intentions qui se cachent dedans.
Pour ce qui concerne Keith Tenniswood, il n'est évidemment pas nécessaire d'être un vieux fan au cervelet attendri pour apprécier ses disques comme ils nous arrivent avec le temps puisqu'il n'a jamais sorti une minute de musique déshonorante de son home-studio en deux décennies de carrière - carrière qui, rappelons-le, comprend sans compter les myriades de one-shots quatre albums + une bonne quinzaine de maxis pour Radioactive Man et 7 albums + une grosse vingtaine pour Two Lone Swordsmen, le très précieux (même si assoupi depuis 2007) duo qu'il forme depuis 1995 avec le vénérable Andrew Weatherall. Mais ça amplifie et exhauste sans doute d'une manière ou d'une autre les couleurs et les sentiments de son electro techno au cordeau, qui semble ressasser en boucle les mêmes obsessions kraftwerkiennes et new-orderiennes comme un défi permanent aux modes et au temps qui passe.
Prenez "Space Ranger", nouvel extrait de son nouveau mini-album sur Reinhardt Records qu'on a l'honneur de vous faire découvrir aujourd'hui: l'admirateur lointain et le néophyte y entendront certainement une auguste geekerie, dopée par une production magnifique et la bassline la plus pernicieuse de ces 10 derniers jours. Mais le vieux fan de Tiny Reminders et Booby Trap, de son côté, y entendra en bonus un grand bol de bonheur à déguster à petites gorgées en par écoutes répétées, en décortiquant chaque choix de fréquences et chaque renversement harmonique.
C'est que les vrais beaux disques sont homothétiques commes les fractales, c'est-à-dire qu'ils sont aussi beaux et aussi forts à toutes les échelles. Tout ça pour dire au finish qu'il y a des myriades de bonnes raisons d'aimer, d'acheter et de chérir ce White Light Monochrome EP, énième participation au débat d'un artiste discret mais indispensable de l'underground techno anglais. Précommande par ici, infos supplémentaire par là.
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