Dans la catégorie “Les Internets ont cassé la télé”, l’arrivé inopinée sur youtube de Space Is The Place se pose pas mal là. Le fameux album qui l’accompagne, l’éternel mème psyché rock du même nom, l’Afro-Futurisme cher à DJ Spooky ou Drexciya, tout ou presque coule de ce film chtarbé de 1973 qu’on ne vous fera pas l’affront de qualifier de “culte”.
Toute l’histoire est sur le site officiel du film.
“En 1971, le producteur de film Jim Newman approcha John Coney, producteur/réalisateur pour la chaîne de télévision publique KQED à San Francisco, pour lui proposer de tourner un documentaire d’une demi-heure sur le Sun Ra Arkestra. Sun Ra vit immédiatement l’opportunité d’utiliser le film comme une tribune sur la condition des Noirs sur la Planète Terre – et comme un médium puissant pour sa musique en tant que véhicule pour élever la communauté de la misère. La production du film débuta en 1972 avec le tournage et l’enregistrement de l’Arkestra en action, l’atterrissage d’un vaisseau spatial, une visite dans un tombeau égyptien et la création d’une planète mythique céleste dérivée de l’interprétation de Sun Ra de passages du Livre d’Urantia (un étrange trac cosmologique proto New Age écrit à Chicago, Illinois quelque part entre 1924 et 1955, dont l’attribution demeure sujet à spéculation) mise en chantier dans le Golden Gate Park, à San Francisco. Après de longs mois de montage, le scénariste Joshua Smith fut engagé pour travailler sur le scénario et transformer le projet en un film narratif cohérent“.
Rempli de robots-méduses qui volent dans les airs, de cascades débiles et de scènes aérienne tournées depuis une courge spatiale, le film ferait passer le Southland Tales de Richard Kelly pour un épisode du Cosby Show mais toutes les scènes où le grand Blount parle en habits de pharaon sont absolument formidables.
Tout comme dans le grandiose A Joyful Noise filmé une décennie plus tard par Robert Mugge, on y découvre entre les lignes la viande brûlante au coeur de son délire éveillé: l’indignation furieuse contre l’éternelle Amérique raciste. Et les scènes musicales, jouées par un Arkestra tout proche des étoiles (les fidèles John Gilmore, Marshall Allen et Lex Humphries sont dans les parages) sont à tomber – même celle où “Sunny Ray” met un club de jazz à feu et à sang en martelant du boucan dissonant sur un piano supplicié. Bref, une porte d’entrée idéale dans l’une des cosmogonies musicales les plus denses, les plus opaques et les plus “lol” de l’histoire de la musique.
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