Olivier! T'es vieux! T'es triste! Quand t'as vu "Sebadoh" et "new" dans la même phrase, j'ai vu ton rictus! Tu as ri! Tu as glapi! Tu t'es frotté les mains en maugréant dans ta barbe,"Ça va les calmer, ces petits connards cyniques qui font la queue pour placer un inédit dans la b.o. du prochain Judd Apatow"! Alors qu'à l'époque t'écoutais même pas Sebadoh! Je me rappelle, j'étais venu chez toi avec mon cd de Bakesale, on avait écouté deux secondes et tu m'avais dit que t'étais dans une période fusion, que le "rock anglais" à la limite t'aimais bien, que s'il y avait un "truc à suivre" c'était "la techno intelligente" mais que l'indie américain te semblait vraiment beaucoup trop "opératique" (je me souviens, ça m'avait beaucoup énervé que t'utilises ce mot qu'on avait appris ensemble en histoire-géo la semaine précédente) et "clichetonneux sur les guitares". Je m'étais dit qu'avec ta basse cinq cordes et ta bio de Jaco Pastorius à côté du lit, t'étais quand même un sacré trou du cul. Et puis pour d'obscures raisons pratiques (on pouvait squatter chez toi après 20h même en semaine), on est restés amis et tu es un peu revenu à la raison pour la musique. Un peu.
Je suis passé chez toi y a pas longtemps et j'ai vérifié: à part un exemplaire promo du remaster de Bakesale et un cd gravé avec la pochette photocopiée en noir et blanc de The Freed Weed, toujours aucun LP de Sebadoh dans ton foyer. Est-ce que tu peux m'expliquer, donc, pourquoi la sortie d'un nouvel album du trio sans Eric Gaffney après 14 ans de silence discographique te plonge dans une euphorie telle que tu n'en avais pas ressenti depuis l'écoute du nouveau Pastels? Certes ce mini-album est cool, il y a effectivement un petit quelque chose de merveilleusement frais, juvénil et virginal dans à peu près tous les riffs, ce qui est certes assez inexplicable pour un groupe d'indie punk formé en 1986. Mais rien qui justifie cet insupportable rictus qui te déforme la face depuis hier soir. Non mais regarde comme ils sont vieux! A mon avis tu files un mauvais coton. Je donne pas cher de ta carrière mec. C'est comme si Philippe Manoeuvre s'était avoué vaincu par le temps qui passe en 1982.
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