On a envie de dire, ces deux là étaient faits pour se rencontrer: à ma droite, Powell neuvième du nom sur Discogs, énigmatique bricoleur de dance construite à même sa discothèque art punk; à ma gauche Russell Haswell, AKA le harsh noiser le plus raffiné et le plus mystérieux d'Angleterre dont on se retient de vous parler en moyenne une fois par semaine (c'est-à-dire à chaque fois qu'il sort un truc).
Le biais de leur rencontre? Curieusement, en réfléchissant un peu plus précisément (mais pas trop longtemps quand même) aux raisons de notre première impression, on pense moins à de la musique à proprement parler qu'aux liens paradoxalement emberlificotés l'un dans l'autre que les deux cocos entretiennent avec la radicalité d'un côté et l'amusement de l'autre. Plutôt qu'à la techno dure d'Angleterre, dont Haswell est un héros et un allié de longue date (rappelons sa collaboration de longue date avec Regis), on pense ainsi à la micro scène Power Electronics, frange la plus extrême du post punk britannique dont les rares vrais représentants s'appelaient Whitehouse, Consumer Electronics, Sutcliffe Jügend et Ramleh (quatre groupes aux destins très, très emmêlés).
Pas que "Maniac" ressemble littéralement à du noise électronique belliqueux mais il semblerait que l'art à la fois sensuel et confrontationnel de Philip Best et William Bennett et soit effectivement le point de jonction le plus exact sur lequel on tombe quand on titre un trait entre l'extreme computer music d'Haswell et les collages de beats grinçants, lustrés et glacés de Powell. Le long du cordon qui les unit, il y a ce mélange de harangue, de distance et d'arrogance dont on a du mal à qualifier l'essence mais qu'on reconnaît entre toutes comme la principale raison de la supériorité de la scène art rock britannique sur à peu près tous les scènes art rock du monde (y compris celles du Japon, d'Allemagne, d'Amérique et du Chili). C'est ce même cocktail aux ingrédients difficiles à décomposer qui rendent "Maniac" si irresistible. Club Music vient de sortir sur Diagonal.
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