Si vous êtes fait de la même pâte que nous, si ce foutu internet a tout de même contribué à étancher votre soif de b.o. synthétiques italiennes oubliées/de rhumba congolaise/de b.o. kollywood des trois dernières années de la décennie 1980/de noise moldave/de musique concrète finnoise/de synth music coréenne/…/ (remplacer par la petite niche obscure de votre choix), bref, si la merveilleuse partie philantrope du sous-continent de l’internet libre vous apparaît comme un petit îlot chaleureux dans un grand océan de rictus égotistes qui glacent le sang, vous êtes forcément passé un jour sur Mutant Sounds.
Petit conglomérat de mélomanes anonymes, ce blog intégralement consacré aux références épuisées de la musique expérimentale en général est rapidement devenu le média emblème de la branche la plus passionnée (et disons le tout net, la plus respectable) de la communauté de filesharers autour du monde. Bref, on ne compte plus les disques et les artistes vers lequel le blog et la grosse galaxie de ses camarades de partage (Holy Warbles, Music from the Third Floor…) nous ont fait aimer et acheter trop cher sur discogs ou eBay, et l’on soupçonne fortement que le succès de labels comme Now Again ou Finders Keepers ou Pan-Act a quelque chose à voir avec l’engouement qu’ils ont participé à susciter.
Premier effet collatéral prévisible de la débâcle de Megaupload et de quelques sites similaires, Mutant Sounds vient d’annoncer sa fermeture (pour l’instant temporaire):
“Maintenant que les super-méchants corporatistes de notre “département de la justice” ont jugé bon de nous imposer leur tyrannie en détruisant Megaupload (et en même temps, des parcelles énormes du contenu de ce blog, y compris des centaines de morceaux des premiers jours de Mutant Sounds qui venaient d’être ré-uploadés sur Megaupload), je me tiens tapis et j’essaye de faire le point sur la meilleure manière de préserver notre contenu. Restez connectés, les amis… Mutant Sounds ne sombrera pas sans riposter!”
Loin de nous l’idée, bien sûr, de lancer un énième débat sur le partage de fichiers. On s’est tous gavés, on en est tous pleinement conscients, on culpabilise tous les soirs de pleine lune. On est seulement peinés de voir que ce sont les good guys qui tombent en premier.
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