Vite fait bien fait, une petite nécro parce qu'on est à peu près certain que vous ne l'avez pas déjà lue 35 fois ailleurs: le compositeur néerlandais Dick Raaijmakers est disparu la semaine dernière à l'âge de 83 ans.

Pionnier mal connu de la musique électronique européenne, ce pianiste de formation a commencé sa carrière au milieu des années 50 chez Phillips Electronics, d'abord comme grouillot au département "radios et télévision", puis en tant que chercheur au département de musique électro-acoustique maison, le Philips Physics Laboratory (ou Natlab). C'est là qu'à la demande de Roelof Vermeulen et du département label de Philips, il a composé sous le nom de Kid Baltan "Song of the Second Moon" et "Colonel Bogey", deux merveilles de novelty intégralement électroniques qui préfigurent de 5 ans le Soothing Sounds for Baby de Raymond Scott et précèdent de un an la création du BBC Radiophonic Workshop. En gros, si la pop électronique européenne débute quelque part, c'est ici et nulle part ailleurs.

Le quarante-cinq tours et l'album co-composé avec Tom Dissevelt sous le nom de The Electrosonics qui suivra restent d'ailleurs les deux oeuvres les plus connues de Raaijmakers, dont le reste de l'oeuvre artistique ou théorique est considérable. Entre musiques utilitaires (notamment pour la radio et la télévision publiques néerlandaise), sound-design, créations radiophoniques, oeuvres orchestrales, électroniques ou hybrides, musiques de ballet, tentatives multimédia avant l'heure et tentations modernistes plus académiques, Raaijmakers a tout essayé ou presque, et c'est sans doute ce qui le rend si difficile à cerner. Quitte à mettre en péril sa place dans la postérité. Parmi les faits les plus surprenants de sa biographie, on trouve d'ailleurs un raté fabuleux: en 1965, il refusa les avances de Stanley Kubrick, qui était alors plongé dans les travaux préparatoires de 2001, parce qu'il était "trop occupé" et "peu intéressé par le projet".