Le dénommé Florian du magasin de disques La Face Cachée de Metz nous montre, s'il était besoin d'en prouver, que les disquaires ne sont pas tous des diggers boulimiques et invertébrés, mais qu'ils constituent, pour l'écrasante majeure partie des cas, de vrais amoureux de musique pourvus de sens critique et articulés dans leurs goûts et couleurs. À travers son blog, Records are Better Than People, il nous livre à un rythme plus que soutenu ses impressions, anecdotes, théories personnelles sur les disques qu'il affectionne, ce qui est toujours assez savoureux à lire d'un œil extérieur. Et à travers sa sélection crossover, débonnaire et dissipée ci-dessous, pour le quatrième épisode de notre série Bac à Disques, il nous montre aussi en substance que si les journalistes et disquaires partagent beaucoup de points communs, il existe tout de même une différence notable entre les premiers et les seconds : à savoir un certain dogmatisme dont se passent bien les fournisseurs de bacs à disques. Et c'est tout à leur honneur. 

Bras Mort s/t (DIY) 

S'il y a un groupe dont tout le monde parle en ce moment à Metz, c'est bien Bras Mort. Line-up de rêve (Nafi "Noir Boy George", Julien "The Austrasian Goat", Joel "Strong As Ten" et Thierry "Dustbreeders") pour une musique qui a su intelligemment saisir toute l'essence du punk sale post-whatever des années 80, de Killing Joke à Flipper. Grosse grosse branlée en concert, et vu la marge de progression effrayante depuis leurs premières dates il y a 6 mois, m'est avis qu'on risque d'en entendre beaucoup parler cette année. 



Funkadelic - Live : Meadowbrook, Rochester, Michigan, 12 September 1971 (Tidal Waves)

On relègue souvent Funkadelic aux oubliettes de l'histoire du rock des années 70. C'est pourtant occulter leur apport essentiel à la musique moderne, de Prince à Rage Against The Machine en passant par…. Ce live culte, édité pour la première fois en vinyle, qui résume la philosophie du groupe : électricité, psychédélisme et sexualité. Les versions ici proposées de "Maggot Brain" et "All Your Goodies Are Gone" me rendent gaga.

Special Favorite Music - World's Magic (P-Vine) 

Plus que la musique de loulout ou Phil Collins, je crois que c'est mon amour pour la musique populaire japonaise qui provoque le plus de regards de travers au magasin. On n'est bien peu de choses face au bon goût. Néanmoins, Special Favorite Music et son World's Magic m'ont enchanté en ce début d'année avec leur pop "oshiare" typique à la Tokyo Karan Koron. C'est frais, c'est léger, c'est joué par des bêtes de répétition et j'ai hâte d'aller les voir en concert lors de mon prochain séjour. 



Line Mari - 21 Days (Golden Heart) 

Je dois confesser un amour immodéré et obsessionnel pour la female pop adolescente. Chaque jour, j'espère en secret qu'Hollywood Records édite les deux premiers Demi Lovato en vinyle. En attendant, je traque la prochaine petite perle féminine. La dernière en date est norvégienne, s'appelle Line Mari et vient de sortir un album délicieusement désuet. 10 irrésistibles pop songs à guitare (parfois) aux refrains sucrés (souvent). On se croirait presque revenu en 2006. 



Masahiro Ikumi - Perfect Blue (Tiger Lab)

On reste au Japon avec la sortie de la bande originale de Perfect Blue par Masahiro Ikumi. Encore une fois, ce sont des Américains qui font le taf (et non des locaux, c'est con). Le rendu graphique est limite mais quel plaisir d'écouter ces 4 compositions tortueuses et noires, toujours le cul entre le kitsch des années 90 et cette violence industrielle que les Japonais ont ancrée dans leurs gênes (Kenji Kawai, dans ses délires les plus bruitistes). J'attends l'édition du Paprika (l'autre chef d'oeuvre de Satoshi Kon) avec une putain d'impatience.



Barney Wilen - Moshi (Souffle Continu)

C'est probablement le plus grand chef d'oeuvre du jazz français. Tout le monde connait ce disque-somme, pas vraiment besoin de le présenter. En revanche, je tiens par ces quelques mots à souligner le travail de Bernard via son label et magasin parisien Souffle Continu, l'un des meilleurs en France. Vous avez de la chance d'avoir ce type de disquaire à Paris. On a pas mal de points communs (cf les nombreux échanges que l'on fait) et je suis sûr qu'on s'entendrait bien s'il habitait sur Metz.