En 2017, le rap crew/label d'Atlanta Awful Records ne s'est jamais autant attiré les faveurs du public et de la critique : de Fact à Clique (en passant par The Drone, eh oui), tout le monde semble les avoir dans ses petits papiers. Mais étrangement, son boss Father n'est pas celui qui semble recueillir le plus de suffrages, les auditeurs préférant s'attarder sur le r'n'b synth pop langoureux d'Abra, les productions enfumées d'Ethereal ou le rap Internet de Tommy Genesis.

Peut-être que cela tient en une chose : même lorsqu'il joue les heartthrobs tout en couleurs (sur son dernier single du même nom), même lorsqu'il fait semblant d'être un gangster (que ce soit sur son nouveau single "Hands", en écoute ci-dessous, ou façon Bonnie & Clyde avec sa protégée Abra), ou même lorsqu'il joue la teigne libidineuse pleine de haine de soi (sur son album I'm A Piece Of Shit), Father a toujours l'air désinvesti, peu concerné par ce qu'il nous raconte. Mais surtout, son rap a ce petit air lubrique sans avoir l'air d'y toucher, nous regarde toujours du coin de l'œil, façon petit entrepreneur rap plus malin qu'il n'en a l'air ou qui s'apprête à sortir son zguègue devant nous. On ne sait jamais vraiment avec lui, c'est peut-être pour ça qu'il nous intrigue et qu'on s'en méfie.