Ne pas se fier à sa plastique sèche et son minimalisme : on est désormais sûr et certain qu'Emotional Mugger est un disque très important dans l'oeuvre de Ty Segall. Fructueux dans ses éparpillements au point qu'on a pu peiner à y voir clair dans la manière dont il hiérarchise ses disques et ses projets (Fuzz, GØGGS, le Ty Segall Band, les reprises de T-Rex), le Californien semble avoir à coeur de passer un cap "conceptuel" avec ce huitième LP solo où ses discours de longue date sur les évolutions malencontreuses de la pop servent de fil conducteur à une démonstration dont on pourrait résumer en substance le fond comme suit : "Internet nous nique la tête, le coeur et la libido".
En novembre dernier, Segall exposait en détails sa théorie dans "What is emotional mugging", vidéo d'explication dont la forme parodique façon réclame nocturne de clinique très douteuse ne doit pas faire douter du fond très sérieux de l'affaire puisque l'Américain s'est expliqué de maintes fois sur les dépravations qu'Internet et les réseaux sociaux ont fait subir à nos vies et au rock'n'roll.
Il en remet aujourd'hui une couche épaisse avec Emotional Mugger le film, mini odyssée existentielle gore, surréaliste, cronenbergienne, poétique et forcément métaphorique réalisée par son vieux camarade Matt Yoka où le petit Ty passe en 15 minutes de l'état d'humain en crise à celui de néo-zombie en chemin vers l'extinction. On en dit pas plus pour vous laisser la surprise d'en découvrir les séquences les plus frappantes, mais on ne se gêne pas pour porter votre attention sur le gros boulot effectué sur la musique, où Segall lui-même déconstruit façon dub plusieurs morceaux de l'album pour les adapter à son propos.
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