Craig Bratley ne vous dit peut-être rien mais il est pourtant dans les parages depuis le début du siècle, alors qu'il sortait ses premières productions chez LowDown Music, label californien suporter de la house music "la plus profonde et la plus émouvante". Dix ans plus tard, Craig continue d'aller chercher dans la profondeur (je vous vois ricaner, il faut arrêter maintenant) et l'émotion des vieilles sonorités du disco et du baléaric mais démontées et remontées, parfois à l'envers, et toujours sorties sur des monuments des genres les plus rincées du printemps 2014 (Todd Terje, c'est à toi que je pense), dont Is It Balearic, Birdscarer (le label de Weatherall) et deux ou trois autres dont vou avez peut être entendu parler si vous aimez la musique du soleil.
Ce qui rend les productions et le travail de Craig Bratley si singuliers c'est qu'à les regarder d'un peu au dessus, on voit clairement les liens qui les unissent et qu'on y sent cette absence de jus de cerveau qui rend souvent l'utilisation des sonorités sus-citées imbitables. Parce qu'on peut faire de la dance music de bonne facture, des blagues, des photos promos qui rigolent et satisfaire les mongolos de la nu disco, on s'est dit que ça serait une plutôt bonne idée de questionner le type qui arrive à faire les trois sur son premier album et sur le sens de l'humour de la dance music et des gens qui la fabriquent et qui l'écoutent.
Est-ce que tu peux brièvement te présenter? Tu n'es presque pas présent sur les internets, ce qui est plutôt remarquable par les temps qui courent. D'ailleurs, est-ce que c'est un choix?
Je suis un DJ/Producteur basé à Londres. Ça fait pas mal d'années maintenant que je sors de la musique, sur des labels comme Birdscarer, Is It Balearic, Instruments Of Rapture et Robsoul. Je suis aussi le boss de Magic Feet. J'ai un compte Facebook, est-ce que ça compte? Je garde mes selfies à poil dans une boite à chaussures. Je ne dirais pas vraiment que c'est un choix, peut-être simplement que personne ne fait attention à moi.
Le premier album est un moment essentiel dans une carrière de producteur. Qu'est-ce que tu as essayé de faire avec le tien?
Je sais que c'est cliché mais je voulais produire un album qui ne soit pas seulement une succession de morceaux "club" et qui reflétait mon intérêt pour les autres genres ainsi que ceux qui m'ont influencé au fil des années. Je voulais aussi marier certains de mes travaux et en faire une seule et même oeuvre.
Tu parais très concerné par la perpétuation d'une sorte d'esthétique old school - des sorties uniquement vinyle, tu ne travailles qu'en analogique, ta presque absence des internets - comment se fait-ce?
J'imagine que c'est en partie dû à mon âge. Je collectionne les vinyles depuis longtemps et c'est une habitude de laquelle il est difficile de se défaire. Je suis aussi dépassé par le nombre de sorties digitales chaque semaine. Je me demande comment on peut être sûr d'être écouté dans ces conditions. En termes de production, j'utilise une combinaison de software et de hardware. En grandissant, j'ai vu des photos de studios, de synthés… Donc peut-être que je me suis dit que c'est à ça qu'un studio devait ressembler. J'ai commencé à travailler sur software il y a assez peu de temps, quelques années, et j'ai très vite constaté que je ne m'amusais pas autant que sur de l'hardware. Je continue d'ailleurs de penser que l'émulation sur software n'est toujours pas équivalente à 100%.
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