Eric Copeland n'est pas seulement un membre éminent de Black Dice, l'une des formations les plus passionnantes qu'ait pu enfanter le New York du tournant des années 2000. Il représente aussi le glissement esthétique entre les labels DFA et L.I.E.S dans le cœur et le popotin des noctambules avertis, ce moment très étrange mais ô combien passionnant où l'on est passé d'une dance music poppisante, culturellement référencée et cocaïnée, à une tout autre sorte de dance music, tout à la fois dévouée aux injonctions du dancefloor et à l'explosion de ces mêmes carcans. En signant tour à tour sur le label de James Murphy et celui de Ron Morelli, Eric Copeland n'a paradoxalement jamais cédé à toute forme d'opportunisme, trouvant dans ce jeu constant avec les labels une sorte de liberté formelle salutaire, et qui lui permet encore de sortir des disques d'une fraicheur insensée après vingt ans de carrière, que ce soit en solo ou avec son gang d'artificiers soudés.
Seulement, si les friponneries d'Animal Collective ont rapidement gagné tous les suffrages auprès du public et de la critique au mitan des années 2000, celles des bien plus radicaux Black Dice ont toujours semblé bien trop baisées pour pouvoir remporter une quelconque mise - à part peut-être celle de la postérite, et elle n'est pas des moindres. Trop folle, trop imprévisible, trop explosive et à l'architecture bien trop libre pour être récupérée d'une quelconque manière par toute forme de branding ou de mécénat mal intentionné, la musique du trio le plus boucanier de New-York apparait aujourd'hui comme parmi ce qui s'est produit de plus frais et réjouissant dans la Big Apple ces quinze dernières années, loin, très loin devant les appétences noise ou autres cochonneries punk-funk aux côtés desquelles certains ont tenté un temps de vouloir les ranger.
Lors de la dernière Villette Sonique, en marge de son live solo où il se produisait dans la tente WIP et où il s'appliquait à passer au broyeur industriel Arthur Russell, les Beach Boys ou le funk le plus dégrossi, on a tenté de s'entretenir un peu avec Eric Copeland. On s'est un peu cassé les dents sur les nouvelles velléités club que l'on s'imaginait déceler chez le bonhomme, mais à part ça, la discussion s'est avérée des plus plaisantes et fertiles.
Eric Copeland : Black Dice a toujours représenté son propre îlot, nous avons toujours été à part. Même à l'époque où il y avait une telle hype autour de New York autour de 2002-2005, nous n'avions pas du tout la même exposition que des groupes comme Liars ou Yeah Yeah Yeahs, par exemple.
À l'époque, Black Dice était signé sur DFA, mais votre son et votre esthétique étaient radicalement différents des artistes présents sur le label. Les deux différences principales, selon moi, étaient celles-ci : d'une part, vous ne vous référiez pas directement au passé, et d'autre part (ce qui est lié), vous laissiez de l'espace dans votre processus créatif pour que le hasard et le chaos puissent advenir et devenir une partie intégrante de la musique. Est-ce que tu es d'accord avec ces deux affirmations ?
Oui, complètement. Les gens voulaient que les choses soient programmées et séquencées, livrées de telle ou telle manière. Nous, on n'en avait absolument rien à foutre. Nous étions juste 3 types qui essayaient de tenter des trucs. C'est très étrange, d'ailleurs : j'ai l'impression que Black Dice a souvent été inclu dans beaucoup de conversations, alors qu'on n'aurait pas vraiment dû faire partie de ces conversations, tu vois ce que je veux dire ? Mais je m'en fous, en soi.
Tu penses que cette attitude a représenté un glissement dans la musique électronique ces dernières années, où la notion de club music fonctionnelle est devenue de plus en plus poreuse...
(il coupe) Je ne pense pas faire partie de cette conversation non plus. Je n'ai jamais considéré la musique électronique comme un genre, je manipule juste mes outils. Et même lorsque j'entends ma musique à côté de celle de Container par exemple, qui joue juste après moi aujourd'hui, je ne m'en sens pas si proche. Je pense avant tout à la musique en tant qu'instruments, et je ne crois pas que les gens de la musique électronique réfléchissent comme ça. En tout cas, si c'est ce que tu me demandes, je ne pense pas avoir participé à cette conversation...
Eric Copeland - Multiball [LIES064]
07:22
La raison pour laquelle je me pose cette question est parce que tu as récemment sorti de la musique sur L.I.E.S, un des labels les plus représentatifs de ce glissement esthétique de ces dernières années, quasi punk dans son rapport parfois confrontationnel avec le public, ou dans sa manière de déconstruire ce que devrait être la musique de club.
Oui, certes. Mais j'ai toujours eu l'impression d'être à part. J'adore les trucs que L.I.E.S sort, mais je pense qu'ils possèdent leur propre grammaire, leur propre vocabulaire. Avec Ron (Morelli, boss du label NDLR), on se connait depuis plus de quinze ans, il connait mon background, et je pense qu'il apprécie ce que je fais au-delà des frontières esthétiques de son label. Après, je peux me tromper, je ne veux pas parler à sa place. Mais quoiqu'il en soit, j'ai toujours eu l'impression d'être tout seul.
Tu ne sors jamais en club par exemple ? Tu n'as pas remarqué que cette musique intégrait aujourd'hui des codes que Black Dice manipulait déjà il y a une quinzaine d'années - ce qui aurait justement été impensable à l'époque ? Je me demandais aussi si tu écoutais ce genre de musique quand tu étais plus jeune, parce que j'ai l'impression qu'elle ressort tout de même de manière prégnante sur tes dernières publications, notamment Jesus Freak, paru sur L.I.E.S en début d'année.
Déjà, je ne sors plus vraiment en club, donc je ne peux pas trop dire. La seule référence que j'ai aujourd'hui en la matière, c'est L.I.E.S. À vrai dire, je n'ai pas trop une culture électronique. J'étais un peu à fond sur des disques de
Kompakt quand j'étais plus jeune, ou des trucs de
Basic Channel. Je me souviens avoir découvert
Closer Musik (duo du début des années 2000 composé de Matias Aguayo et Dirk Leyers, NDLR) en club et avoir trouvé ça génial. Je suis parfois sorti en club, ou allé dans des raves par le passé, mais je ne peux pas dire non plus qu'il s'agisse de mon background. J'ai l'impression d'avoir vécu une existence assez bizarre jusqu'ici. Ça fait bien dix ans que j'ai arrêté de sortir. Il y a un moment où je passais mon temps en studio tous les jours, de 9h à 17h, puis je rentrais et trainais chez moi, à glander. Là j'ai déménagé à Majorque, ça fait un an que j'y habite avec ma femme. C'est cool là-bas. Ce n'est pas exactement la ville plus excitante au monde, c'est une île, il ne s'y passe pas grand-chose, mais je m'y sens bien.
Avant ça, tu as vécu à New-York pendant pas mal de temps.
Oui, pendant bien une vingtaine d'années.
J'ai lu quelque part que tu disais que ce n'était pas exactement un "endroit commode". Dans quel sens ?
Personne n'est là pour t'aider, l'état d'esprit est très compétitif, même entre des gens comme toi et moi. Mais en vingt ans, j'ai tout de même eu le temps de trouver des endroits où je me sentais à ma place. Des gens, des détails qui m'ont fait sentir que je n'avais pas besoin de rentrer dans cet esprit de compétition, parce que franchement, je ne suis pas du tout comme ça. Je me fous complètement de jouer dans les endroits les plus cool, je me fous même que les gens se pointent au concert ou pas, dans la majeure partie des cas. Peut-être que lorsque j'ai commencé, je voulais plus m'intégrer, mais dès que Black Dice est apparu dans ma vie, je m'en foutais. Et pour en revenir à New-York, le fait d'essayer de te créer tes propres règles, de ne pas faire attention à ces choses annexes, n'est pas du tout une chose facile. Tout le monde s'attend à ce que tu participes et que tu collabores. J'aime les gens, mais je n'aime pas ce que les gens ont à m'offrir.
On pourrait relier cet état d'esprit insulaire et cette manière pragmatique de composer avec un environnement rude directement au processus créatif de Black Dice. Tu en penses quoi ?
Tu sais, en tant que spectateur (et nous le sommes tous), j'aime les histoires.
La mythologie.
Oui, voilà. Par exemple, je n'aime pas la musique des
Butthole Surfers, mais j'aime l'idée qu'il aient toujours fait ce qu'ils voulaient, qu'ils aient effrayé les gens et tout ça. Pour moi, cela m'a toujours paru plus cool de comprendre les choses en les faisant toi-même. Et je pense que ça s'applique à la manière dont on devrait faire de la musique. Encore aujourd'hui, j'ai l'impression d'être en train d'apprendre à me servir de mes trucs. Quand j'écoute de la musique, j'ai envie d'entendre quelqu'un au travail. Particulièrement aujourd'hui, lorsque quelque chose d'extrêmement propre va sortir, ça me rend extrêmement suspicieux. Je me fous d'entendre que quelqu'un a parfaitement digéré Neu. J'aime Neu, ce n'est pas le souci, mais je n'ai pas envie d'écrire un morceau de Neu. Quand je les écoute, ce que j'entends surtout c'est des types qui essayent de résoudre des problèmes au moment où ils les posent, et c'est ça qui m'intéresse.
L'impression d'écouter la musique se faire en direct, en quelque sorte.Ouais, exactement, et je ne pense pas que ce genre de postulat soit apprécié à sa juste valeur aujourd'hui. Les gens veulent le produit fini, mais j'ai toujours eu une réaction épidermique contre ça. On vit vraiment dans une époque bizarre, où il est de moins en moins accepté de tenter des choses. Pire que ça, j'ai l'impression qu'il y a de moins en moins de place pour l'échec. Alors que moi, j'adore l'échec. Par exemple, j'ai récemment lu une critique du dernier Animal Collective qui descendait le disque en flèche et qui était extrêmement dure et violente. Ok, le type a dit ce qu'il avait à dire, je n'ai pas de problème avec ça. Mais on ne peut pas nier le fait que les gars d'Animal Collective continuent à tenter des trucs, qu'ils soumettent des idées. Ils sont ce qu'ils sont, mais je n'ai aucun doute par rapport au fait qu'ils fassent absolument ce qu'ils ont envie de faire.
Tu me parlais de Wolf Eyes, tout à l'heure, et on pourrait dire qu'ils représentent absolument cet état d'esprit aussi. Ça me fait penser à une anecdote que j'avais lue dans un vieux numéro de The Wire, je ne sais plus si c'était Nate Young ou John Olsen, mais un des deux disait que tu venais il y a longtemps aux concerts de Wolf Eyes et tu te montrais particulièrement infect...
(visiblement un peu gêné) Heu, je ne suis pas sûr de savoir de quoi tu me parles...
Si je me souviens bien, je crois avoir lu que tu venais régulièrement et que tu frappais directement les membres du groupe dans les couilles...
(il éclate de rire) Ah ah, non, je ne crois pas que ça se soit passé. Par contre, avec Black Dice quand on a commencé on était vraiment un groupe trash. On ne jouait pas du tout dans des endroits comme aujourd'hui. On jouait dans des squats, on foutait la merde et on faisait n'importe quoi. C'était marrant, mais un moment ça ne l'a plus été, alors on a arrêté.
Black Dice - Pigs (Official Video)
03:29
C'était devenu une sorte de gimmick ?
Non, c'était totalement sincère et dépourvu de calcul, mais bon, on s'en est juste lassé. Quand tu as 17-18 ans (l'âge que j'avais à l'époque), tu es juste naturellement complètement taré. Tu bois comme un trou, tu te casses constamment la gueule, ce genre de choses. C'était très excitant sur le moment, mais maintenant je trouve ça juste flippant. J'ai 38 ans maintenant, on parle quand même d'un gap de 21 ans.
Il y a d'autres choses qui te font plus flipper aujourd'hui qu'avant ?
Ouais, le fait que tout soit devenu immédiat et confortable. J'ai lu récemment qu'un groupe (dont j'ai oublié le nom) fournissait une hotline à son public lors de ses concerts, au cas où quelqu'un ne sentirait pas safe. Je me suis dit, "Wow, mes moments préférés dans ma vie se sont souvent produits lorsque je ne me sentais pas safe, justement", tu vois ce que je veux dire ? C'était toujours le fait de se retrouver au moment endroit au mauvais moment qui a rendu ces expériences uniques. Tu te retrouves comme un bébé qui doit gérer des expériences d'adulte. Je sais pas, pour moi c'était ça qui était excitant et qui m'a permis de grandir, justement.
Où se situe ton excitation aujourd'hui ?
Je ne sais pas trop. Je suis toujours enthousiaste à l'idée de jouer, j'imagine. Je ne sais pas ce qui est excitant pour les gens. Je n'écoute pas une tonne de musique qui m'enthousiasme vraiment, pas parce que je trouve ça mauvais, simplement parce que je ne m'informe pas du tout sur ce qui se passe. Désolé pour ça d'ailleurs, je ne suis vraiment au courant de rien autour de moi
(rires).
On a souvent rangé Black Dice dans la catégorie noise, un terme qui veut tout et rien dire. Est-ce que ça fait partie de ton background au moins ?
Pas vraiment en tant que spectateur ou auditeur. Quand on a commencé à manipuler ces sons avec Black Dice, on les découvrait en même temps qu'on les produisait, un peu de la même manière qu'on était un groupe trash sans le savoir. Je ne connaissais rien au hardcore, je ne connais pas grand-chose à la noise. J'aime les disques d'Aaron Dilloway, certaines choses individuelles. Je me dis qu'elles sont
badass, sans aucun doute, mais je n'ai pas le même rapport affectif qu'il peut avoir avec eux. On a joué des millions de concerts noise avec Black Dice, mais encore une fois, j'ai toujours senti qu'on était totalement à part du truc.
J'ai toujours senti que vous cherchiez une sorte d'allégresse ou de joie pas trop compatible avec l'idée répandue qu'on peut se faire de la noise.
Ça peut paraître vraiment idiot dit comme ça, mais on a toujours vraiment aimé sonner funky
(rires). Depuis nos débuts, ce qu'on aime c'est rallonger les passages et les rendre dansants. On n'a jamais été friands de white noise ou de choses comme ça. Et quand tu me parles de Wolf Eyes, c'est la même chose que je ressens. Je comprends qu'ils soient considérés comme les "rois de la noise", mais quand je les écoute, je me dis juste que c'est le groupe de metal le plus cool au monde. Alors que je n'y connais rien au metal. Mais ils font juste exactement ce qu'ils ont envie de faire, ça s'entend et c'est ça qui est génial.
Rien à voir, mais on m'a dit que tu avais été designer pour Nike, à un moment, c'est vrai ?
Non, je pense qu'on t'a parlé de mon frère
(rires), Bjorn, qui joue aussi dans Black Dice. Il fait des trucs pour Converse, je crois, pas pour Nike, mais ce n'était pas des chaussures ou quoi, juste pour de la pub. Je n'ai jamais eu quoi que ce soit à voir avec des trucs corporate pour ma part
(rires).
Par choix ?
Je vais être très honnête avec toi. Les gens qui ont l'argent sont ceux qui vont te payer au final, c'est aussi simple que ça. Parfois, tu dois vendre ton âme au diable, que ce soit Nike, une compagnie de téléphone ou autre. Si Black Dice tournait et pouvait ramener 1000 personnes par soir, ce serait génial. Seulement on ramène quoi, 40 personnes par soir ? Mais si tu joues pour une marque, ils vont te payer des sommes astronomiques et ramener deux fois plus de personnes que si tu jouais en temps normal. Pourquoi ne pas prendre cet argent ?
C'est presque une évidence dans ces cas-là.
Ça l'est, et ça va même au-delà de l'argent. On ne bénéficie pas non plus énormément de tous les à-côtés. Ce n'est pas comme si un moment on allait vendre plein de disques ou devenir plus populaires ou quoi que ce soit de ce genre. On fait juste notre taf, on a réussi à en sortir vivant jusqu'ici.
Mais c'est pas un peu dangereux que ce genre de musique (de niche, dans un esprit de contradiction, obéissant à ses règles internes) se retrouve sponsorisée comme ça ?
Je ne sais pas. Principalement parce que ça ne nous est jamais arrivé de manière aussi frontale. Je pense que l'on a tous pratiqué certains de ces boulots corporate, et ça n'a jamais rien changé pour nous. En général quand on se retrouve impliqué dans ce genre de trucs, il y aura toujours quelqu'un de beaucoup plus populaire que nous en gros sur le flyer, donc ça ne nous atteint pas vraiment. En dehors de ça je déteste l'idée que notre musique soit marketée, même pour nous-mêmes. Mais j'aime à penser que nous avons tellement travaillé et creusé nos propres idées que quoi qu'il se passe, personne ne pourrait vraiment s'en emparer aujourd'hui. C'est comme ce que tu disais tout à l'heure : lorsqu'on a commencé, peu de gens comprenaient ce qu'on faisait avec Black Dice, alors qu'aujourd'hui, les choses sont plus acceptées pour nous. Ça n'avait aucun sens qu'on soit signé sur DFA, on n'était même pas trop soutenus par le label, pas nécessairement bien reçus par la presse.
James Murphy devait faire partie des quelques enthousiastes, j'imagine.
Je ne sais même pas si ce mec a déjà écouté mes disques. Il n'est pas vraiment actif dans le label, c'est plus un truc de représentation, je pense. Et je ne dis vraiment pas ça contre lui, il a juste d'autres trucs à gérer, j'imagine. L'autre mec qui gère est le label est un immense fan de musique par contre, on se comprend et on se respecte tous les deux. Nos rapports sont très cordiaux et relax. Je ne voudrais jamais qu'ils paient des millions de dollars pour que je parte en tournée, parce que je n'arriverais jamais à répondre aux attentes. Ma performance d'aujourd'hui ne satisfait pas la plupart des gens.
Et toi, tu en as pensé quoi ?Là, j'ai beaucoup apprécié. Ça sonnait bien, j'ai pu corriger mes erreurs en direct, mais ça ne se passe pas toujours comme ça. Disons que 90% du temps, je ne suis pas content de ce que je fais. Mais il y a toujours ces 10% qui te donnent envie de continuer et où tu comprends pourquoi tu fais ça. Mais je n'ai jamais eu de vraie démonstration d'enthousiasme de la part du public. Mais encore une fois, je n'y prête pas vraiment attention non plus.
Pour finir, il y a un nouveau disque de Black Dice qui arrive bientôt ?Ouais, on doit justement sortir un truc sur L.I.E.S très bientôt. Je ne suis même pas sûr qu'il y ait qui que ce soit au courant, par contre.
Le nouvel album d'Eric Copeland,
Black Bugglebum, sortira sur
DFA Records le 9 juillet. Un premier extrait est en écoute ci-dessous, "Rip it" :