Vous vous rappelez des Tapes de Iueke, ces tracks dingues de techno grinçante sorties du placard par Quentin "Zaltan" Vandewalle en janvier dernier pour inaugurer son Antinote de label? Enregistrées pour de vrai à l'orée des années 90, elles semblaient tellement proches des considérations esthétiques de notre temps qu'on humait presque le canular.
Dans le cas de Ü, c'est presque la même histoire: une soi disant excavation qui résonne trop fort avec l'esprit du temps pour avoir l'air honnête. Ne serait-ce la page discogs de Börft Records et le vague souvenir que j'ai d'avoir lu le nom du label dans un numéro d'Octopus en l'an 2000, j'aurais sans doute conclu à une nouvelle fiction ourdie par les gens de Digitalis, coutumiers du fait (cf. le superbe album du pseudo océanographe Jürgen Müller, supposément "redécouvert" il y a deux ans avec la belle histoire pour enrober).
Mais non, cette Great Dose of Monotonous Techno est bel et bien sortie une première fois en cassette en 1992. Elle est l'oeuvre de Joel Brindefalk, compositeur suédois de musique expérimentale (tendance indus qui pense) récemment disparu dont les divers pseudos (Contemporary Punk Unit, Pissfuckhead, Sort Joey, Egglady, Gulp) ne me disent pas grand chose. La musique qu'on entend sur Great Dose of Monotonous Techno, en revanche, parlera à tous les gens un peu curieux qui se sont penchés sur l'étrange jonction contemporaine entre noise oecuménique et techno noire avec laquelle on vous rabâche si souvent les oreilles. Délicatement balourde, tribale par en dessous et effectivement - délicieusement - monotone, cette techno tombée de la musique minimale tendance artcore envisage presque en dernier de vous faire danser. Enfin, c'était le cas en 1992, en cassette. Remasterisée en LP en 2013, je ne jurerais rigoureusement de rien de son destin.
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