Various Artists: Rock It... Don't Stop It!

Les débuts de l'histoire du rap, c'est comme les débuts du disco: à part les vrais spécialistes et les spécialistes du dimanche qui ont lu les bouquins des vrais spécialistes, personne n'y voit vraiment très clair. La meilleure preuve: combien de morceaux le fan de rap moyen est-il capable de citer entre "Rapper's Delight" (1979) et "The Message" (1982)?

Le fait est que les bidules sortis, en gros, entre les machins séminaux du Sugarhill Gang et de Grandmaster Flash n'étaient pas encore vendus aux DJs des radios et aux mélomanes comme "ce truc nouveau qui s'appelle le rap" mais plutôt comme des dérivés super festifs et novelty (comprendre, amusant) du funk et du disco déclinant agrémentés d'exhortations rimées à lever ses fesses du tabouret, des party starters conçus pour recréer dans son salon l'ambiance des block parties du Bronx dont on avait vu des images à la télévision.

A bien des égards, cette anthologie réalisée par Sean Peenycook pour BBE n'est donc pas une compilation de rap: plutôt un tirlibibi dance de l'orée des 80s où l'on retrouve tel quel le bordel innommable qui remplissait ras-la-gueule le creuset où s'est cristallisé le rap.

Au programme de ce festin de diggers, on retrouve 10 party tracks très rares enregistrées entre 1979 et 1983, à la limite de l'exploitation et directement nourries aux derniers soubresauts du funk, du Philly sound, du rock et de la synth pop du moment (le "Sweat" de Kevin Fleetwood and The Cadillacs of Sound sample le "Don't Go" de Yazoo), qui contiennent ici et là leurs morceaux de bravoures rapologiques (la minette de Jackson II est formidable) et dont la plus connue est signée de l'éphémère Rappers Rapp Group, notamment resté dans l'Histoire pour son producteurs DJ Flash, premier artiste blanc signée de l'histoire du hip-hop.

Pour le reste, on a affaire à une nébuleuse de tracks dingues troussées dans l'urgence par des collectifs aux blazes plus merveilleux les uns que les autres, dont on aimerait beaucoup voir les minois mais dont les seules traces sur Internet sont des macarons de vinyles.