"Dis Papi, c'était comment la techno avant qu'on invente la techno?: voilà comment on pourrait condenser l'ambition de Trevor Jackson et Strut pour la série des Metal Dance. Empruntant son titre au classique de SPK, l'âme érudite de Playgroup et de feu Output Recordings y fourre sans distingo tous ces bidules anxieux et arty qui agitaient les neurones et la libido des inventeurs de la dance music moderne pendant la première moitié des années 80 (en plus du hip-hop naissant, du new-age mourrant et des restes de la disco music, il va sans dire): new wave, synth pop, indus, EBM, new beat, art rock, city pop, ambient du nouveau monde... Trevor Jackson contournant lui-même soigneusement l'écueil du pédagogique, on ne va pas vous indisposer avec un énième laïus sur l'extrême importance des 1001 familles du post-punk dans l'évolution des musiques électroniques non-savantes. Sachez seulement qu'à l'instar du volume 1, Metal Dance 2 fait la part belle aux inventions ébaubissantes et aux beaux kits de boîte à rythmes et mélange sans distingo balises incontournables de la Vallée d'indiscernement qui sépare la fin du disco et le début de la techno (Liaisons Dangereuses, Ministry, Front 242, Skinny Puppy, Chris & Cosey, Propaganda) et curiosités totales des quatre coins du monde d'alors.
Car ce volume 2 nous ballade et nous balance peu ou prou partout (genres et nations) où la synth pop a fait ses classes. En plus de l'Angleterre thatchérienne (Test Dept, les 10cc en goguette Godley & Creme) et de la RFA d'Helmus Schmidt (Conrad Schnitzler), Jackson nous présente et / ou rappelle à notre bon souvenir la divine Italienne Doris Norton, les Hollandais Arthur Brown et Craig Leon, les Espagnols révolutionnaires d'Esplendor Geometrico, les Canadiens de Psyche et les Américains d'Experimental Products et Crash Course in Science, les Libanais jamais démasqués de Rene Bandaly Family (dont on est surpris que l'incroyable "Tanki Tanki", édité ici par Rabinh Beaini alias Morphosis, ne soit pas déjà tombé dans l'escarcelle d'Acid Arab) et les Japonais mirifiques Haruomi Hosono (fondateur de Yellow Magic Orchestra et tellement, tellement plus si affinités) et Logic System (projet solo d'Hideki Matsutake, moog opérateur et codeur pour Tomita et YMO).
Tous ces noms propres entre parenthèses pour vous dire sans ambage notre enthousiasme sans fard devant cette débauche d'éclairs prescients et d'effets spéciaux millésimés qui, s'ils ont été depuis maintes fois mis à jour et perfectionnés, n'ont surtout jamais tout à fait été égalés (et c'est même pas rétrograde de le dire). On a seulement droit de vous faire écouter un tiers du tracklisting total, mais il y a largement de quoi vous faire une idée.
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