Voilà plus de deux décennies que le platiniste eRikm agite le paysage pépère de l'underground expérimental français. Guitariste élevé au noise arrivé au boucan et au dézingage de 33 tours par le collage visuel et le post-punk plutôt que par le conservatoire, il s'est créé sa propre terra incognita à explorer au croisement de la musique concrète, de la musique improvisée mais aussi de l'ambient : à l'instar des univers peuplés de fantômes de l'anglais Philip Jeck ou de Janek Schaefer, deux autres manipulateurs d'acetate très appréciés des consommateurs de musique électronique, eRikM est autant un sculpteur de parasites qu'un raconteur d'histoires, un grand formaliste, et un insatiable brouilleur de pistes.
Au fil des années, il a ainsi collaboré avec des personnalités aussi différentes que les pères platinistes Christian Marclay et Otomo Yoshihide, les compositeurs français Lionel Marchetti ou Luc Ferrari, le saxophoniste Akosh S, l'ex Einsturzende Neubauten FM Einheit ou ce très cher Christian Fennesz.
Aujourd'hui, le précieux label bordelais Sonoris, rené de ses cendres par on ne sait quel miracle du destin, nous propose de retourner aux origines de l'art du Français avec la réédition en LP deluxe de L'art de la fuite, sa deuxième cassette repertoriée parue en 1995 à compte d'auteur et éditée à l'époque à une poignée d'exemplaires dupliqués, découpés et décorés à la main.
Comme l'explique Franck Laplaine de Sonoris dans le communiqué de presse : "L'art de la fuite est une sélection d'enregistrements originellement auto-édités en cassette en 1995. Principalement composées avec des platines vinyles et des disques préparés (ainsi que d'autres sources), ces pièces posent la fondation de tout le travail à venir du platiniste / improvisateur / compositeur. 20 ans plus tard, ce mélange unique de musique concrète et de musique post-industrielle sonne toujours aussi innovant."
Et on ne peut qu'être d'accord : ce que faisait eRikM avec ses platines et ses rouleaux de scotch en l'an béni 1995 (année de sortie, au hasard, du Red Medicine de Fugazi ou du dernier Kyuss) évoque furieusement le genre de post ambient bricolé, plein de spectres et de bactéries dont font régulièrement ripaille Juno ou Boomkat. Autant dire que les bonnes gens qui collectionnent les catalogues PAN, Type ou Room 40 seraient bien avisés de se procurer vite fait bien fait ce classique oublié, seulement pressé à 300 exemplaires par Sonoris / Metamkine avec l'espoir de pouvoir financer tout de suite derrière un coffret des oeuvres éparpillées du grand Steve Roden. Mais ça, comme dirait l'autre, c'est une autre histoire...
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.