Aussi sacrilège que cela puisse paraître à des oreilles non versées dans l'art occulte de la musique noise, la raison d'être de Sister Iodine est une quête intense, absolutiste, quasi mystique de Beauté. Bien que Lionel Fernandez, Erik Minkinnen et Nico Mazet ne l'aient jamais aussi clairement formulé (à l'inverse d'autres chercheurs inattendus comme Autechre) et revendiquent plus volontiers l'influence d'Eris et l'amour immodéré pour le chaos et la destruction, je mettrais même ma main à couper que c'est ce qui les anime en premier depuis qu'ils ont décidé de jouer ensemble un beau jour de 1992.
Ce qui a d'ailleurs le plus clairement évolué depuis Pause (en 1996) ou les aventures extraconjugales de Fernandez et Minkkinen sous les noms de Discom, Antilles ou Minitel, c'est la dimension rituelle de leur musique : plus jusqu'au boutistes que n'importe quel autre groupe de noise sur la planète, Sister Iodine se plongent dans le noir, la violence et les volumes inhumains parce que la beauté sublime qui s'y terre très profond mérite bien sûr qu'on s'attache à la révéler, et qu'elle ne saurait être révélée autrement que par une dévotion quotitidienne et totale à ses manifestations.
Ponctuellement d'une sauvagerie et d'une malsainité aptes à humilier 99% des conneries trve black de la planète (la seule exception que je trouve est l'une de leurs références), Blame passe donc logiquement un énième cap de violence, de précision et d'abjection; chaque son y est poli dans le détail et la démesure, chaque riff y pèse plus lourd qu'un porte-avion, chaque cri y perce plus aigu qu'aucun corps, aucun coeur ne saurait le tolérer. C'est un disque infiniment humain et infiniment cruel, l'oeuvre de trois âmes perdues pour de bon, qui n'auraient pu trouver le salut autrement que par la perdition. Comme peu d'autres disques sur la Terre - les leurs y compris - Blame est un disque terrible, hideux et absolument sublime, sans doute le meilleur jamais terminé par Sister Iodine, sans doute le plus intense que vous pourrez écouter cette année. Il sort ces jours sur l'excellent Premier Sang, label 100% vinyl de Hendrik Hegray, via le distributeur/mail-order Metamkine.
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