E.T, Star Wars, Star Trek, Rencontre du Troisième Type ... Au début des années 80, un plan naît dans l'esprit du gourou dianétique L. Ron Hubbard : capitaliser sur la vogue de la science-ficton pour attirer les foules à la scientologie. Il s'attèle donc à la rédaction de Battlefied Earth, une somme sci-fi / scientologue de 1050 pages mettant en scène l'épopée cosmique du jeune et vaillant Jonnie Goodboy Tyler.
La mise en forme de l'ouvrage et de tous les projets que L. Ron veut lui faire suivre (ce qui donnera non seulement l'horrifique Space Jazz mais également l'accident industriel Terre Champ de Bataille, avec un John Travolta looké à mi-chemin entre le bassiste de Childen of Boddom et un lémurien psychédélique post-Tchernobyl) aspire tellement de temps et d'énergie au gourou qu'il se retire complétement du monde et que des rumeurs insistantes le donnent pour mort. Erreur : un projet aussi dantesque se devait d'être mené à bien.
A la suite de la publication de son roman, le prince de l'entubage de vedette hollywoodienne s'adjoint les services de l'empereur du jazz rock scientologue Chick Corea pour donner une bande-son aux aventures de Goodboy Tyler.
De l'union de la mégalomanie sans faille de l'un et du mauvais goût inoxydable de l'autre naît une idée qui aurait fait reculer les groupes prog les plus allumés des années 70 : le crossover jazz fusion / opéra rock. A l'écoute de Space Jazz il apparaît très clairement que le cahier des charges fixé par Ron Hubbard était Tommy des Who rencontre Bitches Brew rencontre Lovecraft rencontre le futur.
Le fondateur de la scientologie ayant toujours cultivé le secret le plus absolu autour de sa vie et de ses projets, on ne sait pas grand chose du déroulement des séances de studio ni du degré de responsabilité des différents acteurs du projet dans son rendu final. Mais les 13 pistes de Space Jazz parlent d'elles-mêmes : solos de basse fretless, choeurs féminins à classer quelque part entre "The Great Gig In The Sky" et une publicité pour lessive, utilisation (catastrophique) du Fairlight CMI - l'un des premiers samplers, à l'époque révolutionnaire et hors de prix - rien ne nous est épargné.
Le sommet de l'album est atteint avec "Windsplitter", morceau hommage au fidèle destrier de Jonnie Goodboy - abandonnez l'idée de comprendre ce que fait un morceau hommage à un cheval dans un album futuro-cosmique - dont le contenu fait naître de sérieux doutes quant à la santé mentale d'Hubbard et des requins de studio qui l'assistaient.
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